
01/07/2019
Quentin Mornay
ENSBA (2014)

28/06/2019
Pierre Michelon
ENSBA (2015)

17/04/2019
Jean-François Leroy
ENSBA (2015)

08/03/2019
Davide Cascio
ENSBA (2015)

21/12/2018
Victor De Seauve
Ecole normale supérieure (2015)

20/12/2018
Lara Morciano
CNSMDP (2013)

20/12/2018
Hadrien Jean
Ecole normale supérieure (2014)

15/12/2018
Elizaveta Konovalova
ENSBA (2014)

26/11/2018
Emile de Visscher
ENSAD (2014)

13/12/2017
Laura Porter
ENSBA (2013)

12/12/2017
Lia Giraud
ENSAD (2012)

11/12/2017
Jennifer Douzenel
ENSBA (2013)

08/12/2017
Romain Bigé
Ecole normale supérieure (2013)

05/12/2017
Ianis Lallemand
ENSAD (2013)

04/12/2017
Augusta Müller
Ecole normale supérieure (2013)

02/12/2017
Esther Jacopin
La Fémis (2014)

01/12/2017
Marcus Borja de Almeida Filho
CNSAD (2014)

09/10/2017
Marie-Luce Nadal
ENSAD (2012)

24/04/2017
Laura Huertas Millán
ENSBA (2012)

24/03/2017
Jean-Baptiste Lenglet
ENSBA (2013)

23/03/2017
Marco Antonio Suárez Cifuentes
CNSMDP (2012)

27/02/2017
Léna Paugam
CNSAD (2012)

23/11/2016
Gaëlle Hippolyte
ENSBA (2013)

17/11/2016
Claire Tenu
ENSBA (2012)

17/11/2016
Lara Hirzel
La Fémis (2013)

21/10/2016
Linda Duskova
CNSAD (2013)

11/04/2016
Lei Xie
ENSBA (2012)

4/4/2016
Aurélien Dumont
CNSMDP (2012)
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SACRe - Aurélien Dumont (CNSMDP)
Composer les altérités : une appréhension du monde par la création musicale ?
Première inscription : 2012
Directeur de thèse : Jérome Dokic, DR, HDR EHESS
Co-directeur de thèse : Laurent Feneyrou, CR, CNRS, IRCAM
Encadrant artiste : Gérard Pesson, compositeur
Discipline : Composition musicale
Date de soutenance : 4 avril 2016
Composition du jury :
- Jérome Dokic (DE, EHESS)
- Laurent Feneyrou (Chercheur, IRCAM)
- Vincent Tiffon (Pr, Lille 3)
- Jean-Marc Chouvel (Pr Univ Reims)
- Gérard Pesson (Pr, Compositeur CNSMDP)
- Bruno Mantovani (Dir CNSMDP)
- Esteban Buch, (DE, EHESS)
- Claire-Mélanie Sinnhuber (Compositeur)
Bio / Résumé :
Je suis compositeur de musique. Après un diplôme universitaire d’art-thérapie de la faculté de médecine de Tours et un master en esthétique et pratique des arts à l’université de Lille, j’ai étudié la composition au Conservatoire national supérieur de musique de Paris dans la classe de Gérard Pesson. J’y ai obtenu un premier prix de composition pour ma pièce Himitsu no neya (version courte), qui a reçu le prix Salabert 2012. Très impliqué dans les nouvelles technologies, je participe aux cursus 1 et 2 d’informatique musicale de l’IRCAM.
Je suis lauréat de plusieurs concours internationaux et j’ai reçu des commandes prestigieuses : de l’Etat français, de Radio France, du festival Ars Musica en Belgique, du festival Takefu au Japon, de la Péniche Opéra, de la Maison du film court de Paris, etc.
Dans le cadre du doctorat SACRe / PSL, j’approfondis mes recherches sur la création d’oeuvres transdisciplinaires qui permettent d’aboutir à des formes artistiques singulières : des projets impliquant une tension entre des espaces hétérogènes, c’est-à-dire constitués d’éléments de natures et de modes d’expression différents, qui engagent des artistes provenant d’autres disciplines (littérature, vidéo, mise en scène, chorégraphie) et éventuellement d’autres domaines culturels que l’Occident – le Japon, avec la musique et le theâtre Nô, m’intéresse en particulier. Mon sujet est intitulé “Création musicale, tensions des espaces et décloisonnement des disciplines comme émergence de nouvelles formes artistiques ?” Il est dirigé par Jérome Dokic
(EHESS/Institut Jean Nicod), avec pour co-directeur Laurent Feynerou (CNRS/IRCAM), et pour encadrant Gérard Pesson (CNSMDP).
SACRe - Lia Giraud (ENSAD)
L’Oeuvre-Processus – Pratiques dialogiques entre biologique et technique, vers une écologie de l’œuvre
Première inscription : 2012
Directeur de thèse : Samuel Bianchini, M-C HDR à l’ENSAD
Co-directeur de thèse : Thibaud Coradin, DR LMCP, Collège de France
Encadrant artiste : Claude Yéprémian, Chercheur UMR 7245 RDDM, Muséum National d’Histoire Naturelle
Discipline : Arts visuels
Date de soutenance : 12 décembre 2017
Composition du jury :
- Samuel Bianchini (MCF, ENSAD)
- Jean-Paul Fourmentraux (PR, Université Aix-Marseille)
- Michelle Debat (PR, Université Paris 8)
- Claude Yéprémian (Ingénieur, Muséum Nationale d’Histoire Naturelle)
- Perig Pitrou (Chargé de recherche, Collège de France)
- Geneviève Almouzni (DR, Institut Curie)
- Ivan Toulouse (PR, Université Rennes 2)
Résumé :
Comment la mise en œuvre de processus biologiques et techniques, dialoguant au sein d’un dispositif artistique, contribue t-elle « en pratique » à l’élaboration d’un « milieu associé » nécessaire dans notre contexte technoscientifique actuel ?
Notre identité, qui se définit dans une double expérience biologique et culturelle du monde (E. Morin), semble aujourd’hui mise en tension par l’existence d’un « milieu dis-socié » (B. Stiegler) fragilisant l’élaboration individuelle et collective. Dans son approche du vivant et de la technique, le contexte technoscientifique actuel favorise ce sentiment de discontinuité : malgré une proximité physique grandissante, les opérations qui rassemblent ces deux entités semblent en effet occulter l’expérience sensible et significative qu’elles suscitent. S’appuyant sur une pratique personnelle, mise en regard d’un état de l’art, cette thèse d’artiste envisage de soigner cette relation, en la mettant « à l’œuvre » au cœur du dispositif artistique : le « médium » artistique sera envisagé comme un « milieu associé » (G. Simondon) capable de lier forme et structure, éléments naturels et techniques, expériences physique et psychique.
Par sa qualité à concilier action, matérialité, perceptibilité et signification, l’approche artistique du processus s’offre comme hypothèse de recherche choisie : Les œuvres-processus instaurent ainsi un dialogue opératoire et significatif entre des processus vitaux et techniques, constituant un corpus d’œuvres et de projets interdisciplinaires dans lesquelles scientifiques, ingénieurs et artistes collaborent. Parmi eux, une expérience d’apprentissage épigénétique intitulée Éducation à la danse pour 8 plantes Télégraphe, une recherche autour des stromatholites qui explore le caractère mythologique de la biominéralisation et l’esthétique du geste technique ; ou encore le Temporium, une sculpture-laboratoire créant des images vivantes et qui cristallise plusieurs aspects de ce travail de recherche : le passage de la recherche à l’œuvre, les contraintes d’un matériau vivant, le double défi technique et esthétique du projet et l’autonomie de l’œuvre en exposition. La description et l’analyse de cette recherche « par la pratique » serviront de terreau pour répondre à notre problématique, sous une forme plus théorique, abordant autant les enjeux esthétiques de l’œuvre-processus que les potentiels du contexte de recherche en art qui accompagne sa création.
Par son esthétique du devenir, sa qualité de milieu physico-symbolique, l’œuvre-processus déploie une activité relationnelle qui contribue non-seulement à une expérience esthétique associante, mais ouvre aussi le lieu d’exposition à un nouveau rôle sociétal. Si elle apparaît initialement comme une contrainte, la technicité de l’œuvre-processus pourra être source d’individuation pour son praticien. Cette dimension instrumentale ouvre également des pistes de valorisation hors du champ artistique, aidée par le caractère interdisciplinaire des projets. Sur un plan plus immatériel, cet écosystème de recherche pluriel contribue aussi à l’expression d’une « singularité collective » et à l’élaboration d’une « fabrique du commun ». Néanmoins ponctuée d’échecs, cette recherche pointe ses fragilités en révélant certaines limites de l’artiste-chercheur face aux contraintes du milieu artistique actuel.
Ce constat nous mènera à prendre en compte l’ « écologie » de ce projet, l’œuvre-processus apparaissant comme un support privilégié pour la création d’un système, visant à travailler ensemble les dimensions mentales, environnementales et sociales qui caractérisent l’expérience humaine.
Bio :
Ayant débuté en 2005 mes études à l’École nationale supérieure d’art de Cergy-Pontoise (ENSAPC), J’ai poursuivi ma formation à l’EnsAD dans le secteur photo-vidéo dont je suis
sortie diplômée en 2011. En 2009, j’ai bénéficié d’un échange avec l’Université du Québec à Montréal (UQÀM) en Master II d’art visuel et médiatique. Mes photographies ont été publiées aux Éditions Textuels (Catalogue Sita-suez environnement, 2010) et par l’Agence française de développement (AFD) au Cambodge (Série Ambivalences, 2011). Mon travail ont été montrés à Paris à l’Auditorium du Jeu de Paume (« Projection continue 1998-2011 »), au Cent-quatre (exposition l’Envers et l’endroit, 2012), au MARTa Herford en Allemagne (Prix Leica 2010), à Montréal (Galerie du Cedex), et à l’Institut français des Pays-Bas (Festival Film & Sciences 2013, Amsterdam). Ma vidéo Riff#3 a été diffusée sur la chaine Arte (Arte Vidéo Night, 2011).
Depuis 2006 ma pratique de photographe-vidéaste documentaire m’a menée à questionner notre rapport à l’image et le rôle qu’elle occupe dans notre construction de la réalité. Déplaçant l’image de sa fonction de medium pour en faire mon sujet d’étude, la plaçant au coeur d’un dispositif où l’homme n’est plus sujet mais acteur, je cherche des solutions formelles pour rendre visible et questionnable les évolutions du rapport homme/image.
Depuis 2010, je m’intéresse notamment à l’influence des nouveaux modes de représentation numériques sur cette relation, explorant la porosité des frontières entre biologique et numérique. Prenant la suite de ses recherches, ma thèse intitulée « l’image vivante : penser un nouveau mode de représentation du vivant aux confluences de l’art et de la science », envisage l’influence des découvertes scientifiques et les avancées techniques sur notre perception et notre élaboration de la réalité. Elle s’attache notamment à analyser et imaginer de nouveaux modes de représentation à cette interface.
Poursuivant un processus de création artistique et scientifique, qui m’a conduit en 2010 au sein de l’équipe CEE du Muséum national d’Histoire naturelle (pour un projet nommé Algae-graphies) puis au laboratoire Kastler-Brossel de l’ENS (pour mon film documentaire InVisible), je partage mon temps entre le laboratoire de chimie de la matière condensée de Paris (Collège de France et UPMC) et le programme de recherche Dispositifs interactifs et performatifs (DiiP) d’Ensadlab. Ma thèse est menée sous la direction scientifique de Thibaud Coradin (Laboratoire Chimie de la Matière condensée de Paris, UMR 7574/Collège de France) et Claude Yéprémian (Biologiste au Muséum National d’Histoire Naturelle, UMR 7242). Elle est encadrée artistiquement par Henri Foucault (Artiste plasticien, Ensad).
SACRe - Laura Huertas Millán (ENSBA)
Eclats et absences. Fictions ethnographiques
Première inscription : 2012
Directeur de thèse : Alain Bonfand, PR ENSBA
Co-directeur de thèse : François-René Martin, Enseignant d’histoire de l’art ENSBA
Encadrant artiste : Marie-José Burki, photographe et vidéaste, Chef d’atelier ENSBA
Discipline : Arts visuels
Date de soutenance : 24 avril 2017
Composition du jury :
- Alain Bonfand (Pr, ENSBA)
- Pierre Wat (Pr, Université Panthéon-Sorbonne)
- Jacques Aumont (Pr émérite, Paris 3 Sorbonne-Nouvelle)
- François-René Martin (Pr associé, ENSBA)
- Marie-José Burki (Artiste, ENSBA)
- Philippe Bettinelli (Responsable collection art public, CNAP)
Résumé :
“Eclats et absences. Fictions ethnographiques” développe une enquête autour de la représentation ethnographique, donnant lieu à un ensemble de films où s’entrelacent l’anthropologie et la fiction : les “fictions ethnographiques”.
Cette enquête sensible et pratique commence autour de la notion d’exotisme, en analysant la construction de “l’indigène” dans le “Nouveau Monde”. Ces premières recherches donnent lieu à des films mettant en scène de “jungles” in vivo et in vitro, en Europe et en Amérique, qui relient des jardins botaniques et serres tropicales aux archives de la colonisation. Ces films explorent ainsi les moments de “premier contact” entre voyageurs et autochtones. La fiction apparaît comme stratégie narrative pour faire contrechamp à une Histoire racontée majoritairement du point de vue des conquérants.
L’enquête établit par la suite un dialogue avec l’anthropologie visuelle. Il s’agit d’opérer un déplacement par rapport à l’ “ethnofiction” articulée par Jean Rouch, tout en incluant les démarches le précédant et celles postérieures à lui, où l’ambigüité est de mise entre l’immersion ethnographique et la fiction. Un ensemble de nouveaux films est développé entre le laboratoire d’ethnographie expérimentale le Sensory Ethnography Lab de l’université de Harvard, la Colombie et le Mexique.
Si cette recherche doctorale prends source dans l’analyse des représentations cinématographiques de “l’indigène”, elle évolue au fil du temps vers l’auto-ethnographie et l’autofiction, démarches auto-réflexives pour construire une place d’énonciation singulière. Ainsi, il ne s’agit plus de “parler sur…” une communauté (démarche propre du documentaire télévisuel), mais plutôt parler de “près d’(elle)” (en suivant les mots de la réalisatrice Trinh T. Min-ha) ou bien de “parler avec” elle (faisant écho à la formulation de l’anthropologue Eduardo Viveiros de Castro). La fiction et ses recours narratifs sont indispensables dans les films crées lors de cette enquête : elle construit un espace partagé, des laboratoires politiques pour penser l’émancipation sociale, individuelle et collective. Sol Negro (2016) et La Libertad (2017) constituent les pièces clés de cette dernière série.
La création de ces oeuvres a aussi donné naissance à un ensemble d’écrits, d’articules publiés, de performances et à une exposition publique de fin de thèse, intitulée “Disappearing operations — Opérations de la disparition, Opérations disparaissantes, Opérations pour disparaître”. Cette exposition itinérante, matérielle et immatérielle, s’est déroulée entre le 30 novembre et le 15 décembre 2016, au Cinéma Le Méliès, Les Laboratoires d’Aubervilliers, les Beaux-Arts de Paris.
Bio:
Je suis artiste vidéaste. Née à Bogota (Colombie) en 1983, depuis 2001 je vis et travaille en France. Je suis diplômée, avec les félicitations du jury, de l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts, et du Fresnoy, Studio national des arts contemporains. Mon premier film, La historia (2005) est sans images : des écrans noirs, supports pour des récits rapportés.
La défiance envers les images m’a conduite à une enquête sur les représentations de l’exotisme et, plus tard, sur celles de l’ethnologie en général : Sin dejar huella (2009), Voyage en la Terre Autrement Dite (2011) et Aequador (2012) trouvent dans ces iconographies des leviers vers la fiction.
Mes films circulent dans des festivals internationaux de cinéma tels le FIDMarseille, les Rencontres Internationales Paris/Berlin/Madrid, 25 FPS, le Tampere film festival, Curtas Vila do Conde. Ils sont aussi projetés dans des galeries (Edouard Manet à Gennevilliers), des musées (MAC Santiago de Chile, LAM Villeneuve d’Asq, MAMBO Bogota) et des évènements d’art contemporain (Printemps de septembre à Toulouse 2012, Cycle Nuevas Propuestas 2011 en Colombie, Biennale Mulhouse 010).
Depuis novembre 2012, sous le titre “Eclats et disparitions, enquête sur des fictions ethnologiques”, je poursuis mes recherches, qui portent sur l’altérité, dans le programme doctoral SACRe. Mon directeur de thèse est Alain Bonfand (philosophie esthétique, ENSBA), mon co-directeur François-René Martin (Histoire de l’art, ENSBA), et Marie-José Burki, chef d’atelier à l’ENSBA, photographe, vidéaste, est mon encadrant-artiste. Il s’agit pour moi d’examiner les conditions de ce que l’on peut appeler le “premier contact”. Peut-on comprendre l’émergence du « Nouveau Monde » comme l’entreprise d’un récit ? Le mot “éclats” désigne les brefs instants de fascination liés la Découverte : morceaux de lumière ou de grâce éphémère, préambules à une conquête par la violence. « Disparitions » qualifie, génériquement, l’absence de ces hommes qui ont précédé « l’Amérique » : ceux qu’on a réduits au silence ou qui sont morts dans l’oubli ; les «natifs américains», les « indigènes ». Ma recherche se veut originaire, généalogique. Reposant sur une enquête historique savante impliquant un travail d’archives, elle sous tendra une position d’artiste, entre posture politique et définition intime : il s’agira de cerner l’éclosion d’une identité métisse et son épanouissement.
SACRe - Max Mollon (ENSAD)
Confronter pour relier, Le design réflexif permet le dialogue entre communautés
Première inscription : 2012
Directeur de thèse : Annie Gentès, MC,HDR Télécom Paristech
Co-directeur de thèse : Emmanuel Mahé, HDR, ENSAD
Discipline : Design
Bio / Résumé :
Formé au design graphique et interactif – diplômé du master Media Design de la HEADGenève – je me définis comme artiste, designer et chercheur. A travers des thèmes comme « technologie et société », « interactions numérique/analogique » et « téléprésence », j’explore, depuis 2010, les problèmes de notre société contemporaine au moyen du design. Mon approche spéculative et parfois critique évolue entre art et sciences sociales. Cette posture permet à mon travail d’être médiatisé au travers d’un large spectre, des magazines aux journaux scientifiques, sous la forme d’une conférence à Genève ou d’une exposition à Paris. J’ai exposé à la Foire du meuble de Milan (2010, 2011), à Lift Conference (2010, 2013) et à la Biennale Internationale du Design de St
Etienne (2013).
Aujourd’hui, je travaille comme chercheur en design d’interaction au EnsadLab Sociable Media Group, et je suis doctorant du programme SACRe. Sous l’intitulé « Vivre ensemble demain : création de nouvelles interfaces de présence à distance questionnant et dépassant l’imaginaire des modèles industriels existants », ma thèse a pour sujet ce problème à la fois quotidien et de plus en plus crucial : Comment vivre ensemble à distance ? La directrice en est Annie Gentes (Télécom Paristech) ; le co-directeur est Emmanuel Mahé (Les Arts déco) ; Rémy Bouganel (designer, enseignant chercheur EnsadLab) est mon encadrant-artiste.
• Portfolio http://cargocollective.com/alternative-communication
• Linkedin http://linkedin.com/in/maxmollon
SACRe - Marie-Luce Nadal (ENSAD)

De Lents Semencements
Première inscription : 2012
Directeur de thèse : Nadeije Laneyrie-Dagen, PR, ENS
Co-directeur de thèse :Eduardo Wesfreid, Physicien ESPCI
Discipline : Arts visuels
Date de soutenance : 9 octobre 2017
Composition du jury :
- Nadeije Laneyrie-Dagen (Pr ENS Ulm)
- Eduardo Wesfreid (DR Emérite ESPCI)
- Henri Foucault (Artiste ENSAD)
- Anne-Marie Delort (DR Université Clermont Auvergne)
- Hicham Berrada (Artiste)
- Pierre Wat (Pr Paris 1 Panthéon Sorbonne)
- Philippe Claudin (DR ESPCI)
Résumé
De Lents Semencements est une thèse de création en arts visuels. Conformément au principe du doctorat SACRe (Science, Arts, Création, Recherche), la thèse se compose d’œuvres, dont certaines seront présentées en exposition lors de la soutenance, et d’un écrit qui retrace et problématise le parcours.
Le mémoire présenté ici se compose de quatre carnets de dimensions différentes, d’une notice d’exposition et d’un support numérique. Numérotés de 1 à 4, les carnets peuvent être lus de manière aléatoire. Les fichiers numériques sont des vidéos auxquelles les carnets renvoient.
La recherche porte sur la notion de contrôle : le contrôle, la maîtrise, l’obsession de maîtrise, que les hommes et la science entendent avoir sur les phénomènes naturels, dont la manipulation du monde.
Précisément, on s’est attaché à capturer et cultiver les substances qui forment ce qui est défini dans une acception large comme l’atmosphère (ou les atmosphères), que celles-ci soient physiques (l’air qui nous entoure, les nuages) ou, par glissement pour la démarche présentée dans le dernier carnet, psychologiques : on dira par licence artistique, al/chimiques.
Les œuvres qu’on découvrira dans ces carnets, et les recherches qui y ont conduit, se sont d’abord inspirées très précisément des processus scientifiques qui ont été observés dans un laboratoire de physique du CNRS , le laboratoire de Physique et Mécanique des Milieux Hétérogènes (UMR 7636, ESPCI Paris). Le questionnement ou l’un des questionnements de la thèse, outre la thématique du contrôle, scientifique comme matériau d’artiste. Cette thèse fait apparaître que la démarche esthétique dévie et éventuellement détourne – voire pervertit – les finalités du laboratoire. Le protocole scientifique a alors été utilisé comme métaphore ou procès poétique, associé à une forme d’enquête épistémologique, notamment sur la réception de la science par le public (attractivité, confiance, et incompréhension – donc foi et crédulité).
Les quatre carnets décrivent chronologiquement l’évolution de la recherche doctorale. Le premier prend la mesure d’un travail en laboratoire. Le deuxième rassemble une série de travaux qui concernent tous les efforts de contrôle et de représentations de l’atmosphère au sens physique – en l’occurrence il s’agit de travailler avec les nuages. Le troisième est une installation en forme de volière une performance réalisée avec des mouches, dans le cadre d’une exposition s’articulant autour de l’épigénétique. Le quatrième carnet reflète la tentation d’échapper à la rigueur de la science pour explorer les possibilités de réception confiantes du public, autour d’un protocole consistant à mesurer ou sembler mesurer, les composantes chimiques d’une atmosphère psychologique.
Bio
Plasticienne, j’ai commencé mes études d’architecture et urbanisme à Montpellier en 2003. En 2006, lauréate du Prix de l’initiative, je suis partie travailler au Chili sur un dispositif de captation de la brume. Mon séjour en Amérique du Sud s’est prolongé plusieurs années, durant lesquelles j’ai travaillé avec différents organismes scientifiques tels que le CEAZA (Centre d’Etudes Avancées en Zones Arides) et la CONAF (Corporation Nationale Forestal) au Chili, puis avec PIMPOLHOS (carnaval de Rio) au Brésil. En 2009, j’ai obtenu mon diplôme d’Architecture et d’Urbanisme, traitant de la création d’un pôle multi-modes à la Plata en Argentine, orienté sur la dynamique, les flux et leurs interactions.
Au cours de ces années, j’ai participé en parallèle, avec le collectif d’expression contemporaine START XXI que j’ai fondé en 2004 avec Adrien Revel et Baptiste Genoyer, à différentes résidences, concours et installations, tels que We Come In Peace, Ca ne Nous Rendra Pas l’Octroi, Qui M’aime Me Suive, etc. En 2010, j’ai été sélectionnée pour le festival OFF de VISA pour l’image à Perpignan.
En 2011, j’ai décidé de poursuivre mes études aux Arts déco, en section Scénographie, où je me suis tournée vers l’interprétation et la fabrication de paysages synthétiques. Ceci m’a conduit à proposer TALWEG, interprétation plastique du « Bateau Ivre » de Rimbaud sous forme de voyage à travers un climat fait d’objets raboutés, retravaillés, détournés… J’ai intégré l’EnsadLab dans le groupe de recherche SAIL (Sciences Arts des Interactions Lumières, Matières, Couleurs), où j’ai préparé le projet de doctorat que je veux mener dans SACRe.
Depuis novembre 2012, pour mener à bien ma recherche, je partage mon temps entre Les Arts déco et l’Ecole de Physique Chimie de Paris. Sous le titre « Climats synthétiques : perception de la matière fluide dans un environnement choisi », ma thèse pour SACRe, menée sous la direction de Nadeije Laneyrie-Dagen (histoire de l’art, ENS), Christian Stenz (physicien, co-directeur) et Henri Foucault (artiste plasticien, Les Arts déco), envisage l’impact que peut avoir toute matière fluide, évanescente et éphémère, sur un environnement choisi, et les conditions de sa perception par le spectateur, qui leur
attribue un caractère esthétique, poétique, voire énigmatique. Appuyées sur une connaissance précise des états fluides de la matière, acquise au sein du laboratoire de l’ESPCI qui m’accueille, mes recherches pourront prendre la forme d’expérimentations d’objets, des dispositifs pour le spectacle vivant (interactifs et/ou interfaces), des installations visuelles et sonores et des performances.
SACRe - Léna Paugam (CNSAD)
Dépasser le présent
Première inscription : 2012
Directeur de thèse : Jean-Loup Rivière, PR émérite, ENS Lyon
Encadrant artiste : Thierry Thieû Niang, Metteur en scène/Chorégraphe
Discipline : Mise en scène
Date de soutenance : 27 février 2017
Composition du jury :
- Jean-Loup Rivière (Pr émérite ENS Lyon)
- Sophie Lucet (Pr Univ. Rennes)
- Thierry Thieû Niang (Chorégraphe)
- Marie-Sophie Ferdane (Comédienne)
- Isabelle Starkier (Metteure en scène et comédienne)
- Christian Biet (Pr Univ. Paris Ouest-Nanterre)
- Anne-Françoise Benhamou (Pr ENS Ulm)
Mots-clés : Désir, Théâtre, Acteur, Sidération
Bio / Résumé :
Avant d’intégrer le Conservatoire national supérieur d’Art dramatique, j’ai débuté ma formation dans les Côtes d’Armor sous la direction de Jeanne François, puis à Paris en Hypokhâgne et Khâgne au lycée Molière, avec Philippe Duclos et Yves Steinmetz et, enfin, au Conservatoire du XVe arrondissement dans la classe de Liza Viet. J’ai, par ailleurs, obtenu une licence de philosophie en 2007 et, en 2009, un Master de recherches en études théâtrales sous la direction de Jean-Pierre Sarrazac, qui m’a permis de porter une attention rigoureuse sur les dramaturgies contemporaines.
Je me suis dirigée vers la mise en scène après un stage en tant qu’assistante de Julie Brochen au Théâtre de l’Aquarium. Depuis 2007, j’ai monté plusieurs pièces dans le cadre d’un partenariat avec la compagnie des Réverbères : Shéhérazade de Jules Supervielle, A tous ceux qui de Noëlle Renaude, Un café pour deux de Régis De Martrin. En tant que comédienne, j’ai travaillé avec Raphaëlle Dubois pour le spectacle Neruda et avec Grégoire Strecker pour Intérieur de Maurice Maeterlinck. Au CNSAD, j’ai également mis en scène Une Belle Journée de Noëlle Renaude et travaillé en tant que comédienne sous la direction de Jean-Damien Barbin, Caroline Marcadé, Yvo Mentens, Sylvain Lewitte et Denis Podalydès. Je suis à l’origine de la création de la compagnie Lyncéus-théâtre.
Depuis novembre 2012, je suis doctorante et allocataire-monitrice dans SACRe. Cette thèse expose les caractéristiques formelles et substantielles d’un ensemble littéraire appelé « dramaturgies de la sidération ». Elle s’inscrit dans le prolongement des recherches de Jean-Pierre Sarrazac et de Catherine Naugrette sur la poétique du drame moderne et contemporain. Les pièces du corpus étudié ici ont pour point commun de présenter des situations fictionnelles bloquées où l’usage de la parole vient suppléer l’apparente inertie du corps des personnages. L’action dramatique y est mise en suspens, le temps et l’espace de la fiction y sont marqués par de multiples effets de clôture et les personnages y témoignent aussi bien de leur incapacité à agir que de leur difficulté de se sentir exister.
A travers un cycle de création intitulé La crise du désir – états de suspension, espaces d’incertitudes et comprenant six mises en scène réalisées entre 2013 et 2016, Léna Paugam s’interroge sur le rapport entre sidération et désir dans les dramaturgies modernes et contemporaines. Envisageant la notion de présence comme un processus consistant à se projeter en permanence au-delà du présent, vers un futur immédiat, le désir est ici considéré comme un outil conceptuel au service de la mise en scène. Il permet de travailler sur le rapport de l’acteur à la temporalité de la représentation théâtrale. Depuis l’examen attentif des données littéraires des œuvres dramatiques de son corpus, jusqu’à la description de ses réalisations scéniques, en passant par l’exposé des problématiques nées au cœur des répétitions, cette thèse retrace le déploiement d’une démarche artistique qui s’appuie sur la notion de désir pour accompagner le travail technique des acteurs dans une approche musicale du jeu et de l’interprétation théâtrale.
SACRe - Dominique Peysson (Docteur Associée Paris I – ENSAD)
Ce qui nous touche, ce que nous touchons : les matériaux émergents à l’épreuve de l’art contemporain : de nouvelles formes de rencontre des sensibilités entre l’homme et la matière
Première inscription : 2012
Directeur de thèse : Olga Kisseleva, MC HDR Paris 1
Co-directeur de thèse : Samuel Bianchini, MC, ENSAD
Discipline : Arts plastiques
Date de soutenance: 10 décembre 2014
Composition de jury:
- Denis Briand (Pr Rennes 2)
- Ivan Toulouse (Pr Rennes2)
- Jean-Marc Chomaz (DR CNRS)
- Jean-Paul Fourmentraux (Pr Aix-Marseille)
- Olga Kisseleva (Pr Paris 1)
Bio / Résumé :
Je vis et travaille à Paris. Je suis plasticienne, après avoir été scientifique. J’ai débuté ma carrière professionnelle comme maître de conférences en physique pendant trois ans à l’Ecole Supérieure de Physique et Chimie Industrielle de la ville de Paris (ESPCI), après avoir fait un post-doc à l’université de Cambridge (Angleterre) et une thèse à l’ESPCI. J’ai ensuite suivi le cursus L3, M1, M2 à Paris 8 (Saint-Denis) en art contemporain et nouveaux média (mention TB). J’ai actuellement une pratique de plasticienne et travaille dans le programme de recherche art-science (EnsadLab) à l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs, au sein duquel je développe des projets en lien avec des laboratoires de physique et chimie. J’ai enseigné en 2012 à l’Ecole Nationale des Ponts et Chaussées (ENPC) avec l’équipe du cours « Arts, sciences, Technologies, Société : Pratiques de Médiation Scientifique ». J’ai organisé des évènements Art/Sciences. J’ai été auteur illustratrice de livres pour enfants, et je donne également des cours d’arts plastiques à des enfants et des adultes dans les centres culturels de Rueil-Malmaison depuis 2005.
En octobre 2011, j’ai commencé une thèse de doctorat à Paris 1-Sorbonne, sous la direction d’Olga Kisseleva : « Expérience esthétique, expérience physique : les nouveaux matériaux à l’épreuve de l’interactivité ». J’ai le statut d’associée dans le programme SACRe, créé un an après mon inscription doctorale. Comment envisager l’expérience esthétique du spectateur lorsque le matériau de l’oeuvre devient sensible à son environnement ? Le caractère sensible est à prendre aussi bien au sens physique du terme, c’est à dire qui réagit physiquement et chimiquement aux paramètres extérieurs, qu’au sens philosophique qui comprend l’ensemble des impressions et représentations susceptibles d’être ressenties? Telles sont les questions qui orientent ma recherche.
SACRe - Marco Antonio Suárez Cifuentes (CNSMDP)
Intéractions, articulations et poétiques de l’espace instrumental, acoustique et électroacoustique
Première inscription : 2012
Directeur de thèse : Frédéric Bevilacqua, HDR, IRCAM – Centre Pompidou
Encadrants artistes : Stefano Gervasoni, compositeur – Luis Naon, compositeur
Discipline : Composition musicale
Date de soutenance : 23 mars 2017
Composition du jury :
- Frederic Bevilacqua (DR IRCAM)
- Martin Laliberté (Pr Université de Paris-Est Marne-la-Vallée)
- Kathleen Coessens (Pr Vrije Universiteit BrusselHead of Music – Koninklijk Conservatorium Brussel)
- German Toro Perez (Pr Institute for Computer Music and Sound Technology Zurich University of the Arts)
- Giovanni Verrando (Compositeur)
- Alain De Cheveigné (DR ENS CNRS)
- Luis Naon (Pr CNSMDP)
- Bruno Mantovani (Compositeur CNSMDP)
Mots clés : Chorégraphie instrumentale, Perception, Masquage Acoustique, Délocalisation des sources acoustiques, lutherie informatique, lutherie instrumentale
Résumé de la thèse :
L’interaction de l’espace acoustique, instrumental et électroacoustique ainsi que la conception des dispositifs scéniques de type architectural sont devenus au fil de temps les territoires pour la construction, la réflexion et le développement de mon propre cheminement de recherche artistique. J’ai toujours exploré dans mes créations des outils pour construire des ouvres à dimensions multiples, insaisissables d’un seul point de vue ou d’écoute ; des spectacles qui confèrent au public un rôle participatif dans la construction de la perception sonore ; des créations ou le corps du musicien est un sujet actif de l’élaboration du geste instrumental. J’aborde une musique qui se construit dans l’intimité de chaque spectateur grâce à sa mémoire.
Dans le cadre du doctorat en arts par la pratique SACRe, j’ai approfondi et formalisé cette approche en réalisant au total sept projets artistiques, dont cinq réunis dans le cycle « Manglar ». Ces œuvres proposent une approche chorégraphique et architecturale de la pensée de l’espace musical, en travaillant à la fois sur les gestes instrumentaux et la sonorisation instrumentale. Plus précisément, ma thèse a impliqué des recherches sur la conceptualisation de notions d’espaces acoustique, instrumental et électroacoustique, implémentées dans des réalisations artistiques. De plus, mon travail a nécessité l’utilisation et l’intégration d’outils technologiques, dont certains ont été élaborés lors de mon doctorat.
Mon travail permet d’expérimenter des relations renouvelées entre musiciens, public et compositeur. Trouver une approche transversale à la forme de concert est également l’une des questions essentielles traversant mes projets de composition aujourd’hui.
Bio :
Colombien, j’ai mené mes études de composition musicale à l’Université Javeriana de Bogotá, puis au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris où j’ai obtenu en 2006 le Diplôme de Formation Supérieure en Composition, après avoir suivi les classes d‘Emmanuel Nunes, de Luis Naón et d’Alain Louvier. Entre temps, j’ai participé à la session 2005 du programme Voix Nouvelles de la Fondation Royaumont. Puis, de 2006 à 2009, j’ai suivi le cursus de Composition et d’informatique musicale de l’IRCAM. Depuis 2003, j’ai été sélectionné pour plusieurs résidences artistiques (CMM du CENART à Mexico, Studio Musiques Inventives d’Annecy, Muse en Circuit, équipe Grame de Lyon, studio Art ZOYD), ai collaboré en tant que compositeur avec la chorégraphe Myriam Gourfink pour l’édition 2008-2009 du programme Transforme (Fondation Royaumont), et ai été compositeur en recherche à l’IRCAM au sein de l’équipe IMTR (2010). J’enseigne la composition depuis 2008 (Conservatoires à rayonnement départemental de Romainville et de Laval) et j’encadre des étudiants comme moniteur au CNSMDP.
Mon travail est soutenu par la Fondation Carolina Oramas, le Ministère de la Culture de la Colombie, les Fondations Mazda, Meyer et Tarrazi. Il a bénéficié de commandes du Ministère de la Culture et de la Communication, de l’IRCAM, des Voix Nouvelles et de la SACEM. Mes oeuvres sont créées en Amérique du Sud et Europe par des ensembles comme l’Ensemble Intercontemporain, Multilatérale, Vortex, LeBalcon, Contemporanea, Contrechamps, Onyx, l’Itinéraire l’Instant Donnée et Decibelio. Mon opéra de chamber L’enfer musical , d’après des textes d’Alejandra Pizarnik, a été créé en juillet 2012 aux Voûtes, à Paris, dans le cadre du festival Paris Quartier d’été.
Au sein de SACRe-PSL, je mène une recherche intitulée “Espace instrumental, acoustique et électro-acoustique”, avec pour directeur Frédéric Bevillacqua (IRCAM–Centre Pompidou), encadrants Stefano Gervasoni et Luis Naón (CNSMDP). Il s’agit d’un travail sur la multiplicité et l’utopie perceptives. J’y utilise la programmation informatique et les technologies électroacoustiques pour penser autrement les espaces de spatialisation et de perception. Dans leur inspiration, mes recherches entretiennent une relation étroite avec les musiques traditionnelles, en particulier celles des côtes atlantiques et pacifique colombiennes.
SACRe - Claire Tenu (ENSBA)
Tamis Lyrique
Première inscription : 2012
Directeur de thèse : Pierre Alferi, HDR, ENSBA
Encadrant artiste : Dominique Figarella, Peintre, Chef d’atelier ENSBA
Discipline : Arts visuels
Date de soutenance : 17 novembre 2016
Composition du jury :
- Catherine Perret (Pr Paris VIII)
- Éric de Chassey (Pr ENS Lyon)
- Jean-Claude Monod (Pr ENS Ulm)
- Dominique Figarella (ENSBA)
- Anne Parian (Artiste)
- Jean-François Chevrier (ENSBA)
- Pierre Alferi (ENSBA)
Bio / Résumé :
Diplômée en 2007 de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, Claire Tenu (née en 1983) a développé une pratique de la photographie lyrique et spéculative, au croisement de diverses disciplines : composition et montage, description topographique et récit filmique, écriture et installation.
Elle a présenté deux expositions personnelles à l’issue de résidences : en 2009 à Sérignan, et en 2013 à Cherbourg, au centre d’art Le Point du Jour (exposition accompagnée du livre La ville que nous voyons). Avec le groupe RADO, dont elle est membre, elle a répondu à une commande publique du Centre national des arts plastiques initiée par l’association d’éducation populaire Peuple et Culture Corrèze, et qui a donné lieu en 2014 à une double exposition, intitulée Ce qui ne se voit pas, à l’église Saint-Pierre de Tulle et au Centre international d’art et du paysage de Vassivière.
À l’école des Beaux-arts de Paris, l’exposition Tamis lyrique, associée à un ouvrage éponyme, est l’aboutissement de la thèse en création artistique qu’elle a soutenue en novembre 2016.
L’exposition rassemble une trentaine d’œuvres. Certaines sont extraites des travaux récents accomplis au cours de l’élaboration de la thèse (photographies de Cherbourg ; L’Air de l’accordéon, film co-réalisé avec Fanny Béguery en Corrèze). Dix pièces diverses par leurs sujets et leurs formes (vues photographiques, assemblages, objets, séquence de film) ont été présentées pour la première fois. Quelques autres œuvres, plus anciennes, complétaient cet ensemble, soit qu’elles aient fait l’objet de développements écrits particuliers dans le livre Tamis lyrique, soit qu’elles permettent de repérer des variations ou d’apprécier une épaisseur temporelle de certains processus qui structurent la recherche de Claire Tenu.
—
« Lyrisme : jeu qui lie et délie les noms et les corps – tous les noms et tous les corps. Son terrain est celui de la vie et de la mort entrelacées, un festin offrant formes, déformations, transformations. Sa matière est l’air, souvent irrespirable, son milieu est l’image, parfois invisible, sa réalité est la voix, presque inaudible. »
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« Je ne peux concevoir le sens de mon travail sans la pratique de spatialisation des œuvres. Chaque œuvre a son format, sa texture, son autonomie. Les objets mis en espace sont hétérogènes ainsi que les modes de relations entre eux et avec l’espace. Chaque nouvel accrochage dans un espace concret (avec ses caractéristiques architecturales, sa situation, sa lumière) relance ou réactive, en proposant de nouvelles relations, la perception et la polysémie des œuvres. L’exposition conjugue (littéralement) un espace mental et un espace physique à la croisée desquels les œuvres sont des repères ou des clefs. L’exposition est inachevée tant qu’elle n’a pas été actualisée par la multiplicité des circulations (elles-mêmes physiques et mentales) des visiteurs. »
SACRe - Lei Xie (ENSBA)
« Entre chiens et loups ». Sublime et Tragédie aujourd’hui
Première inscription : 2012
Directeur de thèse : Nadeije Laneyrie-Dagen, PR, ENS
Co-directeur de thèse : François-René Martin, Enseignant d’histoire de l’art ENSBA
Encadrant artiste : Philippe Cognée, Peintre Chef d’atelier ENSBA
Discipline : Arts visuels
Date de soutenance : 11 avril 2016
Composition du jury :
- Nadeije Laneyrie-Dagen, (Pr, ENS Ulm)
- François-René Martin (ENSBA)
- Pierre Wat, (Pr, Univ Paris I)
- Chang-Ming Peng (Pr, Univ de Charles-de-Gaulle – Lille III)
- Philippe Cognée (Artiste)
- Marc Desgrandchamps (Artiste)
Bio / Résumé :
Je suis né en 1983 en Chine, dans la province d’Anhui. J’ai d’abord étudié à l’Académie Centrale des Beaux-Arts de Pékin, où j’ai obtenu mon diplôme en 2006.
Puis je suis venu en France à l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts où j’ai été diplômé en 2010 avec les félicitations du jury. Mon médium principal est la peinture : je la considère toujours comme une aventure, mes toiles cherchant à la remettre en question dans la contemporanéité. Mon travail est représenté à Paris par la galerie Anne de Villepoix, à Genève par la galerie Charlotte Moser, et à Hong Kong par FEAST Projects.
Dans le programme doctoral SACRe, ma recherche est encadrée par Alain Bonfand (Directeur), François-René Martin (co-directeur), et Philippe Cognée (encadrant-artiste). Le titre en est “Entre chien et loup, sublime et tragédie aujourd’hui ”. Il s’agit de questionner, dans la pratique de la peinture, la notion d’irreprésentable. “Entre chien et loup” : cette expression n’existe pas dans la langue chinoise et elle ne peut être traduite mot à mot.
Pourtant, elle rend compte de mon travail. Celui-ci se préoccupe du monde, de nos sociétés, mais ne cherche pas à les documenter. Il les interroge, questionne leurs apparences, leurs mises en scène, leurs simulacres. Et c’est toujours un “entre deux” qui m’intéresse, comme l’ambiguïté et l’ambivalence des situations. Mes tableaux ne délivrent donc pas de message direct, ils laissent au spectateur la liberté de se frayer son propre
chemin avec son propre imaginaire qui peut ainsi croiser le mien.
SACRe - Romain Bigé (ENS)
Le partage du mouvement. Une philosophie des gestes avec le Contact Improvisation
Première inscription : 2013
Directeur de thèse : Renaud Barbaras, PR Paris-1 / Archives Husserl de l’ENS
Discipline : Philosophie
Date de soutenance : 8 décembre 2017
Composition du jury :
- Renaud Barbaras (Pr Université Paris-1)
- Frédéric Pouillaude (MC Université Paris 4)
- Isabelle Ginot (Pr Université Paris 8)
- Boris Charmatz (Artiste chorégraphique)
- Anne Boissière (Pr Université Lille 3)
- Ann Cooper Albright (Pr Oberlin College)
Résumé :
Le Contact Improvisation, une forme de danse expérimentale qui émerge aux États-Unis dans les années 1970, sert dans ce travail d’intercesseur et de ressource pour l’étude philosophique du mouvement.
Nous partons de l’idée que le Contact Improvisation développe une attitude épistémique, éthique et esthétique envers ceux qui le bougent, et c’est au déploiement et à l’extension de cette attitude à d’autres êtres que nous nous nous consacrons. Cette attitude, qui est à la fois source de joie et de connaissance, nous l’appelons partage du mouvement, c’est-à-dire : l’ajointement de nos mouvements avec ceux d’un autre au point, non qu’ils se confondent, mais qu’ils s’altèrent l’un l’autre, qu’ils redessinent mutuellement leurs cartes.
Dans la première partie, nous justifions cette pratique philosophique immergée dans l’expérience du danser : elle s’appuie sur une retraversée des concepts de mouvement et de geste dans quelques philosophies du xxe siècle, et plus particulièrement dans le bergsonisme, la psycho-phénoménologie et les études en danse françaises.
Dans la deuxième partie, nous proposons une cartographie de six gestes du Contact Improvisation : regarder, dire, toucher, peser, tomber, ne-pas-faire. Ces six gestes sont, chacun à nouveau et pour lui-même, des points d’entrée dans cette danse et des occasions, pour la philosophie, de se mettre (aux côtés des savoirs des sciences des relations et de la biologie humaine) au service d’une pensée de la motricité.
Dans la dernière partie, quittant le sol de la danse, nous nous efforçons d’élargir les trouvailles du partage du mouvement dansé à d’autres mouvements : ceux des choses, des vivants et des humains en général. Cela nous est l’occasion d’intégrer les savoirs développés auprès de la danse à une philosophie du vivant et plus spécifiquement à une anthropologie philosophique.
Bio :
Agrégé de philosophie et ancien étudiant à l’Ens-Ulm, je suis moniteur allocataire à l’Ens-Ulm. J’y prépare une thèse de philosophie consacrée à la danse contemporaine (« Le partage du mouvement. Ontologies de la danse contemporaine ») sous la direction de Renaud Barbaras (Archives Husserl, Ens) et co-encadrée par Clairemarie Osta (ancienne étoile de l’Opéra de Paris et ex-directrice des études chorégraphiques au Cnsmdp).
Par ontologies, j’entends la manière singulière qu’ont les artistes chorégraphiques de déployer une certaine thèse (implicite ou explicite) qui sous-tend selon moi toute oeuvre chorégraphique : l’idée que le mouvement dansé ne se réduit pas au simple déplacement. À partir de ce que j’appelle ainsi « épochè chorégraphique », la question reste de savoir comment les chorégraphes contemporains (des années 1960 à nos jours) parviennent à éviter cette
réduction du mouvement au déplacement, dans la chorégraphie proprement dite, dans la transmission de l’oeuvre aux danseurs ainsi que dans le rapport au spectateur.
Face à cette question, je me propose de mener deux enquêtes parallèles. La première consistera à proposer une définition conceptuelle de ce qu’est le mouvement. Selon moi, le mouvement ne peut se définir qu’à partir du concept de « partage » (d’où le titre provisoire de ma thèse, « Le partage du mouvement »), partage qui doit être compris au double sens de séparation (comme lorsqu’on partage un plat : on le divise) et de réunion (comme lorsqu’on partage une danse : on ne la coupe pas en deux – on l’a en commun). Le mouvement a ainsi toujours deux aspects intimement corrélés : selon le premier aspect (de « séparation »), le mouvement est ce qui opère une scission dans l’être, scission dont le sédiment est le monde comme espace-temps que nous connaissons ; selon le second aspect (de « réunion »), il est ce qui permet la convergence de ces qualités séparées en un seul être qui ne fuit pas de tout côté mais reste centré ou individué.
La seconde enquête a pour objectif d’établir la manière dont certains chorégraphes contemporains ont pu s’approprier l’épochè chorégraphique. De ce point de vue, j’entends établir une forme de typologie des procédés requis par différents chorégraphes pour « suspendre » le déplacement, typologie qui va de l’immobilisation pure et simple du danseur (de Still de Cunningham à la small dance de Steve Paxton) au ralentissement extrême du rythme respiratoire (dans la danse butô ou chez Myriam Gourfink), en passant par des opérations en apparence moins destructrices de la mobilité comme telle. Il s’agira ainsi d’explorer aussi bien des procédés d’écriture chorégraphique (telles que la répétition insistante, comme chez Platel, ou la dissémination du centre du mouvement, comme chez Forsythe), que de transmission de la chorégraphie (ainsi des techniques de visualisation utilisées par Ushio Amagatsu, la technique de l’empreinte élaborée par Nathalie Pubellier, etc.) ou plus généralement d’entraînement des interprètes (en particulier à travers l’émergence des pratiques somatiques, Alexander, Feldenkrais et BMC singulièrement, dans le training des danseurs contemporains).
Ces deux enquêtes parallèles se nourrissent, bien entendu, et ont vocation à converger dans une réflexion plus générale sur la reformulation du concept de mouvement au XXème siècle, qui hérite en partie (tant chez Bergson et Simondon que dans la phénoménologie post-merleaupontyenne) de l’invention de la catégorie sensible du kinesthésique.
Enfin, solidaire de cette recherche mêlant philosophie et études en danse, j’exerce au sein de la licence pluridisciplinaire de PSL* une activité d’enseignement (cours de philosophie de l’art pour les L2 à Louis-le-Grand). Je poursuis également une formation en danse-contact depuis plusieurs années, qui m’a notamment menée à travailler avec Wendy Woodson, Felice Wolfzahn, Steve Paxton, Matthieu Gaudeau, et me conduit cette année à collaborer à la création des spectacles de Linda Dušková et de Lena Paugam (doctorantes SACRe au Cnsad).
SACRe - Linda Duskova (CNSAD)
Image et conscience dans le théâtre
Première inscription : 2013
Directeur de thèse : Jean-Loup Rivière, PR ENS Lyon
Discipline : Art dramatique
Date de soutenance : 21 octobre 2016
Composition du jury :
- Joseph Danan (Pr Univ. Sorbonne Nouvelle – Paris 3)
- Jean-Louis Besson (Pr émérite Univ Paris X)
- Antoine De Baecque (Pr ENS Ulm)
- Jean-Loup Rivière (Pr émérite ENS Lyon)
- Cosimo Chiarelli (Pr Université Lumière Lyon 2)
- Claude Buchvald (Metteur en scène)
- Valérie Mréjen, (Écrivaine, artiste)
- Jean-François Peyret, (Metteur en scène, directeur artistique Compagnie tf)
Bio / Résumé :
Je suis née en République Tchèque en 1988, où j’ai suivi ma formation au sein du Conservatoire national supérieur d’art dramatique à Prague (DAMU). J’y ai obtenu en 2011 une licence d’art en dramaturgie et mise en scène sous la direction des professeurs Miloslav Klima et Karel Makonj, puis en 2013 un diplôme de master d’art en mise en scène sous la direction des metteurs en scène Martin Kukucka et Lukas Trpisovsky (duo SKUTR). Durant mes études, j’ai mis en scène de nombreux projets, alternant entre créations collectives (Foyer, Pas de sucre, Peter Pan), textes contemporains (Absinthe de Pierre-Yves Chapalain, Chez Loo de Milos Mazal, Doppler de Erlend Loe), pièce-audio (Les contes Woody Allen), spectacles de marionnettes pour jeune public (Les habits neufs de l’Empereur et Etoile de Noël), et projets in situ. J’ai eu également l’occasion d’effectuer un semestre au sein de l’Université Paris 3 où j’ai participé notamment aux ateliers de Joseph Danan et de Marguerite Bordat, ainsi que de mettre en scène une création collective à l’Académie de théâtre de Varsovie (Pologne) avec les comédiens polonais et sous la direction de Piotr Cieplak.
En 2013, j’entame la formation doctorale Sciences Arts Création Recherche au sein du Conservatoire National d’Art Dramatique. Mon projet de thèse, intitulé Image et conscience dans le théâtre, abordera la problématique des différents rôles de l’image (matérielle et mentale) dans la création théâtrale.
Il s’agira d’explorer les différents rôles et fonctions possibles de l’image fixe (la peinture, le dessin, la photographie) dans le processus de création théâtrale. Imaginer et structurer l’utilisation du « matériel image » dans le travail. Investiguer la multiplicité des approches possibles et leur portée dans la démarche de création et dans la rencontre avec l’équipe créative, et plus particulièrement dans le travail de direction d’acteurs.
Ce travail de recherche sera mené autour et à travers trois ou quatre projets de mise en scène reliés au thème dramaturgique de la conscience. Je m’attacherai à développer et affirmer une approche de création transversale et pluridisciplinaire, une co-construction des projets avec des « professionnels de l’image » (photographes, peintres, plasticiens, scientifiques…). Ces travaux de mise en scène s’appuieront sur les matériaux suivants : Paysage sous surveillance de Heiner Müller, Les masques noirs de Leonid Andreîev, Macbeth de William Shakespeare et Jugement dernier de Hieronymus Bosch.
Mon projet de thèse est encadré par Jean-Loup Rivière (Directeur, ENS-LSH et CNSAD).
Illustrations des spectacles : Absinthe (2012), Chez Loo (2012) © Linda Duskova
SACRe - Jennifer Douzenel (ENSBA)
Mesurer le monde
Première inscription : 2013
Directeur de thèse : Michel Verjux, Artiste et MCF HDR Paris 1
Co-directeur de thèse : François-René Martin, ENSBA
Discipline : SACRe, Arts visuels
Date de soutenance : 11 décembre 2017
Composition du jury :
- Michel Verjux (MCF, Université Paris 1 Panthéon Sorbonne)
- Jacques Aumont (Professeur émérite, Paris 3 – Sorbonne Nouvelle)
- François-René Martin (PR, ENSBA)
- Marianne Jakobi (PR, Université Clermont Auvergne)
- Nadeije Laneyrie-Dagen (PR, École Normale Supérieure)
- Fabien Giraud (Artiste)
Résumé :
Le format de la thèse intègre des vidéos :
Blink (2017) 3’14 ».
Ibusuki (2017) 5’45 ».
Nature Morte (2016) 5’41 ».
Ticao (2016) 4’21 ».
Jupiter (2016) 1’04 ».
Travelling (2015) 2’55 ».
Eidolôn (2015) 3’54 ».
Mascaret (2015) 16’00 ».
Eugeniusz Kalamarz (2015) 1’55 ».
Mont Fuji (2014) 3’33 ».
SongKol (2014) 1’08 ».
Paris (2013) 3’28 ».
Mao (2013) 3’00 ».
Zip (2013) 12’59 ».
Voile (2013) 1’42 ».
Bio:
Depuis mon diplôme en 2009 de l’École Nationale Supérieure des Beaux-arts de Paris je conçois uniquement des vidéos pensées comme des tableaux s’inscrivant dans la continuité de la tradition picturale où la temporalité se joue comme un élément plastique. Mon geste est simple ; j’enregistre des moments du réel réduit au cadre d’un seul plan fixe comme on pourrait découper une fenêtre au scalpel.
Je suis une « chasseuse de miracles ». Je traque d’éphémères moments de grâce où la réalité est transfigurée. Silencieuses, mes vidéos appellent à la contemplation de l’inutile. Elles sont un presque rien, une attention, une attente à la vie qui aspire à élucider la complexité du monde.
Il existe deux familles de vidéos dans mon travail. Celles que je « traque », c’est-à-dire celles que je vais chercher de manière intentionnelle sur un territoire défini avec un motif en tête. Et celles que je capture « à l’affût », hasards que je saisis au vol parce qu’ils appartiennent à mon vocabulaire.
Le programme de recherche Sacre me permet de créer une nouvelle famille. En plus de la « traque » et l’« affût », modes de chasse qui peuvent être solitaires, il y a la « courre » et la chasse « au filet », qui l’une et l’autre réclament un travail d’équipe. Cette troisième voie qui permet d’envisager la « chasse aux miracles » dans mon travail consiste à m’intéresser à ce qui résiste à l’investigation de toute une équipe de chercheurs scientifiques sur un territoire donné, aux scories, aux excentricités, à tout ce dont la complexité n’est pas réductible à des modèles scientifiques, à ce qui, pourtant, paradoxalement, serait invisible sans ce travail de défrichage de la science.
Je n’envisage pas la science comme l’opposée de l’art (vieille représentation issue de dichotomies surannées) mais comme une entreprise de construction d’un rapport au monde très proche de l’art.
Alors, pousser les portes des laboratoires scientifiques qui « manipulent » des motifs qui pourraient appartenir à mon travail, m’initier à leurs recherches et collaborer avec eux est non seulement un moyen de créer de nouvelles pièces qui n’auraient pu naître sans ce nouveau mode de chasse mais également d’envisager une nouvelle façon de mener la recherche en art. Produire de la connaissance partageable. Pas moins.
Au premier semestre ces recherches ont donné lieu à une collaboration avec les chercheurs en géologie de l’UCAS (University of Chinese Academy of Sciences) de Pékin.
Mes recherches sont dirigées par François-René Martin (théoricien) et Michel Verjux (artiste).
SACRe - Lyes Hammadouche (ENSAD)
Temps ductile
Première inscription : 2013
Directeur de thèse : Emmanuel Mahé
Co-directeur de thèse : Jérôme Sackur, MCF HDR, ENS
Discipline : SACRe, Design
Bio / Résumé :
Je suis né à Alger, en 1987, je suis entré aux Beaux-Arts de Poitiers puis ai été diplômé de l’école supérieur des arts décoratifs de Paris en 2013.
Dans mes productions, je crée un cycle, j’entretiens un rythme, j’englobe un espace et tente d’en percevoir le détail, je cherche la limite entre l’immobilité et le mouvement. Mes créations sont des vecteurs visant à étirer la conscience ponctuelle et fuyante du temps. Lorsque toute l’attention est happée dans chaque seconde qui passe, lorsque l’esprit entre dans un état quasi méditatif, proche du vide, il peut alors faire la pleine expérience du temps.
Les pièces que je crée sont des outils inspirés par les mécanismes de l’induction hypnotique, ils sont des vecteurs donnés au spectateur afin qu’il puisse se mettre dans un état modifié de conscience.
Aujourd‘hui je suis étudiant en doctorat PSL-SACRe (practice based). Emmanuel Mahé, chercheur HDR ENSAD et Jerôme Sackur, chercheur en sciences cognitives à l’ENS sont respectivement directeur et co-directeur de ma thèse.
I was born in Algeria in 1987, came to France in 1993 and graduated from the École des Arts Décoratifs Paris in 2013.
Throughout my works I create a cycle, I maintain a rhythm, I include a space and try to perceive it’s details. I am looking for the limit between immobility and movement. My creations are vectors aiming to stretch our punctual and fleeting awareness of time. When all the attention is focused on every passing second, when the mind enters in an almost meditative state, close to emptiness, only then we can fully experience time.
The works I’m creating are tools inspired by hypnosis induction mechanisms, they are vectors given to the spectator aiming to help them get into modified consciousness states.
Today I am PhD student in the PSL-SACRe school (practice based Phd), affiliated to the École des Arts Décoratifs. The researchers Emmanuel Mahé and Jerôme Sackur are respectively director and co-director of my thesis.
SACRe - Gaëlle Hippolyte (ENSBA)
Le bruissement de l’auteur: Dessin d’art et image document
Première inscription : 2013
Directeur de thèse : Pierre Alferi, HDR ENSBA
Discipline : Arts visuels
Date de soutenance : 23 novembre 2016
Composition du jury :
- Nadeije Laneyrie-Dagen (Pr ENS Ulm)
- Érik Verhagen (Artiste)
- Arnaud Labelle-Rojoux (artiste)
- Dominique Figarella (ENSBA)
- Catherine Perret (Pr Paris VIII)
- Olivier Nottellet (Artiste)
- Pierre Alferi (ENSBA)
Bio / Résumé :
J’ai obtenu le Diplôme National Supérieur d’Arts Plastiques à l’école nationale des Beaux Arts de Paris en 2007 et avant ça le Diplôme National d’Arts Plastiques à l’Ecole Pilote Internationale d’Art et de Recherche, Villa Arson, Nice.
Mon directeur de recherche est le poète et philosophe Pierre Alféri, l’artiste Dominique Figarella encadre et accompagne également mes recherches.
Depuis 2008, Lina Hentgen et moi formons le duo « Hippolyte Hentgen » : une troisième personne faite de nos deux noms de famille. Ce nom n’est jamais qu’une fiction ; ce n’est pas l’auteur qui parle mais son double fictif. Notre territoire de recherche se centralise principalement sur le dessin et l’image, mais tente également diverses ouvertures vers d’autres domaines de représentation : écriture, théâtre, danse, bande dessinée, musique.
Notre collaboration est née d’une culture commune et du constat troublant d’une familiarité évidente dans nos travaux antérieurs à notre association. À ceci, s’est rapidement ajoutée une curiosité pour le travail en binôme qui réinterroge de fait la notion d’auteur, cette notion étant au centre de nos préoccupations communes.
Nous puissions dans un répertoire volontairement citationnel où les sujets semblaient n’avoir que peu d’importance : Photos anonymes, coupures de presse, travaux manuels amateurs ou détail clairement repérables, se retrouvaient traitées avec la même neutralité méthodique, la même indifférence inexpressive.
Les questions qui nous traversaient, remettaient en cause la possible place de l’auteur dans le processus créatif et la difficulté à pouvoir dire de grandes choses, des choses nouvelles, de pouvoir livrer une émotion après un siècle d’images reproduites à outrance.
S’associer en une troisième personne fictive à laquelle nous déléguons le rôle d’auteur , de signataire, procède t-il d’un intérêt lui même double, d’abord repenser la lecture d’une image dans un principe d’anonymat propre à l’ère industrielle mais également, d’une certaine manière, nous rassurer mutuellement sur la faisabilité d’une pareille entreprise dans une époque où les questions de pratiques, de formes ou de représentations se trouvent quelque peu noyées dans leurs propres contradictions. Reste bien entendu, derrière le double patronyme Hippolyte Hentgen, deux individus et deux pensées complices mais distinctes. C’est donc, en mon nom propre que je participe à ce programme doctoral tout en m’appuyant sur l’argument et la complicité de notre exercice à quatre mains.
Mon sujet de thèse s’intitule : « Le bruissement de l’auteur : Dessin d’art et image document ». Ce qui m’intéresse d’abord dans le dessin, c’est sa capacité, sa puissance, à reproduire. C’est au travers de cette faculté première que se pose donc la question du document.
Il s’agit de poser le problème global du rapport entre le réel, l’image, la copie et la trace … L’enjeu est de saisir, méthodiquement, les mouvements possibles d’intégration de documents dans le dessin. Il faudra comprendre et organiser quelle trace du réel ils sont dans l’oeuvre et de quelle façon en fonction de leur nature propre ils participent à ce devenir.
La question de la fixation des images (non artistiques), comme objet aux propriétés spécifiques et celle de la fixation des images documentaires conforme au principe phénoménologique, selon lequel toute image fixée est l’image de quelque chose.
L’enjeu de la recherche est de parvenir à montrer que cette ambivalence de principe est à la fois le fond et la forme. Mais aussi le moteur qui permet de comprendre de qu’elle manière s’organise l’incorporation de ces citations documentaires, de ces matériaux et de leurs différentes poétiques au médium dessin ainsi qu’à ses déploiements dans l’espace.
SACRe - Lara Hirzel (La Fémis)
« Châteaux intérieurs », du théâtre de la mémoire aux espaces imaginaires
Première inscription : 2013
Directeur de thèse : Jean-Loup Bourget, PR émérite ENS Ulm
Encadrant artiste : Jean-Charles Fitoussi, réalisateur
Discipline : Etudes cinématographiques
Date de soutenance : 17 novembre 2016
Composition du jury :
- Marie-Dominique Popelard (Pr Univ Paris 3)
- Giusy Pisano, (Pr ENS Louis Lumière)
- Nadeije Laneyrie-Dagen (Pr ENS Ulm)
- Jean-Charles Fitoussi (Cinéaste)
- Jean-Vincent Puzos, (Artiste, chef décorateur)
- Khalil Joreige (Cinéaste, Artiste)
- Jean-Loup Bourget, (Pr ENS Ulm)
Résumé :
« Châteaux intérieurs, du théâtre de la mémoire aux espaces imaginaires » est une thèse composée de trois films, d’une installation vidéo et de deux scénarios. Ces travaux reposent sur des interrogations liées au lieu et à sa mémoire. Des mnémotechniques rhétoriques de l’antiquité aux usages du flashback dans le montage cinématographique, cette recherche traverse les champs de la photographie, des arts plastiques, de la littérature et du cinéma afin d’inventer ses propres usages plastiques de concepts philosophiques. Chaque projet développe sa façon propre d’aborder le sujet de la représentation d’un espace fantasmé, imaginé ; façons liées au « genre » des propositions, à la place laissée au spectateur et, au cœur même des films, à la multiplicité des subjectivités des personnages. Ainsi, le film Demeure convoque saint Augustin et l’art de la mémoire tandis que Sirènes joue des effets de montage et de réminiscences. Les Passages secrets lie lieux réels et espaces fictionnels par l’installation in situ dans le village de Binic. La déambulation est alors une autre manière de rejouer le trajet discursif de la méthode des loci. Le scénario Sans Perceval, adapté des Vagues de Virginia Woolf, singularise quant à lui une multiplicité de points de vue sur un même temps partagé dans un lieu unique. D’une autre manière, Les Atomes joue avec la figure de la baleine comme lieu symbolique sur lequel achoppent et divergent les imaginaires. Enfin, en utilisant l’idée d’espace intérieur dans la fiction même, le projet des Châteaux intérieurs propose une voie d’actualisation d’anciennes propositions philosophiques et théologiques, autour d’une variation moderne du personnage de sainte Thérèse d’Avila. Ce dernier scénario agrège ainsi plusieurs concepts fréquemment évoqués, repris, mentionnés dans la topique chrétienne, ici distordus, transformés et utilisés dans la fiction même.
SACRe - Ianis Lallemand (ENSAD)
Matière en acte : les rapports entre conception et matérialité dans la production matérielle numérique
Première inscription : 2013
Directeur de thèse : Antoine Picon, PR Univ. Harvard, DR ENPC
Co-directeur de thèse : Samuel Bianchini, MC ENSAD
Discipline : SACRe, Design
Date de soutenance : 5 décembre 2017
Composition du jury :
- Antoine Picon (DR École des Ponts ParisTech)
- Samuel Bianchini (MC ENSAD)
- Wolfgang Schäffner (Pr Université Humboldt de Berlin)
- Andrea Urlberger (Maître-Assistant des ENSA, École Nationale Supérieure d’Architecture de Toulouse)>/li>
- Warren Sack (Pr Université de Californie à Santa Cruz)
- Sara Franceschelli (MC ENS Lyon)
Résumé :
Alors que l’évolution des pratiques de fabrication numérique dans les champs de l’art, de l’architecture et du design semble pointer vers l’émergence d’une « nouvelle matérialité », marquée par les développements contemporains de la robotique, de la computation et des sciences des matériaux, les discours entourant l’usage des machines à commande numérique restent trop souvent dominés par une compréhension passive de l’idée de matière. Cette thèse se propose d’actualiser la vision des rapports entre conception numérique et matérialité, en développant des schémas productifs ouverts à l’expression de formes d’agentivité matérielle. Cherchant à dépasser l’articulation prescriptive traditionnelle entre conception et fabrication, elle défend l’idée d’une redistribution de l’autorité vers un réseau d’acteurs productifs autonomes. L’argument développé vise avant tout à mettre à jour des méthodologies pratiques ainsi qu’un cadre conceptuel partageables, susceptibles d’être réinvestis par d’autres praticiens. Cinq expérimentations pratiques, reliées par leurs usages prospectifs de la programmation et de la fabrication numérique, en constituent l’ossature empirique. Mobilisant des auteurs comme Gilbert Simondon et Andrew Pickering, le travail de conceptualisation réalisé permet d’opérer un retour réflexif sur ces expériences, et d’en situer les enjeux au regard d’un certain nombre de précédents historiques, tels ceux de la production numérique non standard et de la cybernétique.
Bio :
Ianis Lallemand est designer et chercheur. Ses recherches explorent l’impact du numérique dans le champ de la production matérielle.
Il s’intéresse en particulier à la dimension générative des procédés numériques (fabrication additive, robotique), tant dans leur dimension computationnelle que physique, en développant une pratique attentive aux comportements émergents des matériaux.
Formé à la fois en ingénierie et en design, il est fréquemment amené à concevoir ses propres outils de production. Il développe d’abord en 2010 ses recherches à l’Ircam (Paris), puis rejoint en 2012 EnsadLab, le laboratoire de l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs (Paris). De 2013 à 2017, il réalise à l’EnsAD et à l’université Paris Sciences & Lettres (programme SACRe) une thèse de doctorat en design, dans laquelle il développe plusieurs dispositifs de production expérimentaux. Ces recherches l’amènent notamment à collaborer avec le groupe de designers et d’architectes Co-de-iT, qu’il rejoint en 2017. Il soutient cette thèse en décembre 2017 à la Gaîté lyrique (Paris) avec une exposition personnelle.
Depuis 2018, il est enseignant à l’École supérieure d’art et de design TALM – Le Mans, chercheur associé au sein du groupe Reflective Interaction d’EnsadLab, et mène une activité de designer indépendant à Paris.
SACRe - Jean-Baptiste Lenglet (ENSBA)
Horizons perdus : comment le cinéma expérimental et la sculpture ouvrent à l’installation
Première inscription : 2013
Directeur de thèse : Alain Bonfand, PR ENSBA
Co-directeur de thèse : Marie-José Burki, Artiste ENSBA
Discipline : Arts visuels
Date de soutenance : 24 mars 2017
Composition du jury :
- Alain Bonfand (DR ENSBA)
- Antoine De Baecque (Pr ENS)
- Jacques Aumont (Pr Paris 3 – La Sorbonne Nouvelle)
- Ange Leccia (Artiste)
- Marie José Burki (Artiste ENSBA)
- Frédéric Paul (Conservateur Centre Georges Pompidou)
- Eric De Chassey (Pr ENS Lyon)
Mots clés : Cinéma expérimental, Sculpture, Installation, Phnom Penh, Tokyo, Lhassa
Résumé de la thèse :
La thèse de doctorat « Horizons perdus : comment le cinéma expérimental et la sculpture ouvrent à l’installation » explore l’idée d’animer un collage. Elle regroupe un ensemble d’œuvres, de natures diverses.
Voyage circulaire en Asie, le projet est structuré en trois stations : Phnom Penh, Tokyo et Lhassa.
Du filmage de ces villes à l’exposition finale, la pratique du collage est centrale. D’un médium à l’autre, d’une séquence à l’autre, il s’agit de découper des formes et de les présenter dans un nouveau contexte. Migration d’images, montage, composition… le collage a engagé une série de questions dont les réponses ont façonné ce travail.
Dans la thèse, les villes sont autant un sujet d’étude qu’un modèle conceptuel. Les œuvres sont comme des architectures. Ce sont des espaces clos, d’essence sculpturale, qui se doivent ensuite d’entrer en relation afin de constituer un tout.
Le titre « Horizons perdus » est peut-être la nostalgie de cette totalité.
Bio :
Né à Nîmes en 1984, Jean Baptiste Lenglet vit et travaille à Paris. Avant de rentrer à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux- Arts il suit un master en théorie du cinéma à Paris 3. Ses recherches influencent sa pratique plastique et guident son intérêt pour le cinéma. Après un semestre d’étude à Cal’Arts (Los Angeles), il passe son diplôme de cinquième année, « A Nightmare on Hopi Street », qui se constituait comme une installation totale. L’artiste eut ensuite l’occasion de montrer son travail dans plusieurs expositions collectives et personnelles en France et à l’étranger. Aujourd’hui il présente, dans le cadre du programme doctoral SACRe, un vaste projet vidéographique nommé « Horizons perdus » autour de trois capitales asiatiques : Phnom Penh, Tokyo et Pékin. Enfin, attiré par la pratique du livre d’artiste et du commissariat, il s’investit en tant que co-fondateur du projet d’auto-édition de « The Panels Of Silence », ainsi qu’en tant que co-fondateur du centre d’art « Virtual Dream Center » (www. virtualdreamcenter.xyz).
SACRe - Lara Morciano (CNSMDP)
Ecriture du son, du temps et de l’espace dans l’interaction entre instruments et dispositifs numériques synchrones
Première inscription : 2013
Directeur de thèse : Gérard Assayag, DR HDR IRCAM
Discipline : SACRe, Composition musicale
Date de soutenance : 20 décembre 2018
Composition du jury :
- Gérard ASSAYAG (Dir. Recherche à l’Ircam IRCAM) Directeur de thèse
- Pierre COUPRIE (Maître de conférences Sorbonne Université) Rapporteur
- Anne SEDES (Professeur des universités Université Paris 8) Examinateur
- Stefano GERVASONI (Professeur Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris) Examinateur
- Laurent POTTIER (Professeur des universités Université Lyon/Saint-Etienne) Rapporteur
- Brigitte D’ANDRéA-NOVEL (Professeur Mines ParisTech) Examinateur
Résumé :
Cette recherche vise à étudier l’intégration contemporaine, dans la composition et la performance, des outils technologiques et artistiques correspondant à l’état de l’art en matière d’interaction temps-réel entre production instrumentale, production numérique du son et production de formes spatio-temporelles dans le lieu d’écoute. On souhaite notamment étudier comment cette intégration pourra constituer en retour une nouvelle modalité de l’écriture où fusionnent en cohérence une écriture du son, une écriture du temps et une écriture de l’espace informées par la technologie.
Les paradigmes informatiques pour la gestion du temps et de l’interaction, les outils de synchronisation de processus, l’analyse de flux sonores et gestuels, le contrôle des paramètres à partir du son instrumental, la recherche sur la question du timbre instrumental et de ses descripteurs numériques et l’interaction interprète-ordinateur forment les éléments clefs de cette recherche.
L’idée principale de ce travail est centrée sur l’interaction en temps réel avec des dispositifs informatiques avancés, dans le cadre d’une écriture particulièrement virtuose, avec des aspects spécifiques de construction temporelle et spatiale, cette situation hybride influençant en retour la nature de l’écriture elle-même. Les différents thèmes relatifs à cette exploration, tels que l’écriture du son, du temps et de l’espace, sont le point de départ pour décliner et développer, selon la nature des diverses productions envisagées, les liens possibles avec d’autres disciplines artistiques.
Bio :
J’ai commencé mes études musicales dès mon plus jeune âge par le piano et obtenu mon diplôme, avec les plus hautes distinctions, à l’âge de 16 ans. J’ai ensuite étudié la composition au Conservatoire Sainte-Cécile à Rome et obtenu différents diplômes en Musique chorale et direction de choeur, Piano, analyse et réduction de la partition, Composition. J’ai poursuivi mon perfectionnement avec Franco Donatoni à l’Académie nationale de Sainte-Cécile, puis, en France, au CNR de Strasbourg dans la classe d’Ivan Fedele.
Ma démarche artistique s’est orientée de plus en plus vers la recherche d’autres possibilités de traitement du matériau sonore ainsi que vers l’interaction entre instruments et environnement informatique. De 2005 à 2006 j’ai suivi le Cursus de composition et d’informatique musicale de l’Ircam et, en 2009, j’ai obtenu un master d’Arts, spécialité Musicologie, création, musique et société, à l’Université Paris-VIII.
Mon travail a bénéficié de commandes d’oeuvres, notamment du Ministère de la Culture française, de l’Ensemble intercontemporain, de l’Ircam-Centre Pompidou, du Festival Musica de Strasbourg, de la Biennale de Venise, du ZKM de Karlsruhe, du Mécénat musical de la Société Générale, etc. Mes oeuvres sont créées en France et à l’étranger par des ensembles tels que l’Ensemble intercontemporain, Court-circuit, TM+, 2e2m, Accroche Note, Contrechamps, Algoritmo et avec des interprètes comme Hae-Sun Kang, Garth Knox, Claude Delangle et Mario Caroli.
J’ai été lauréate de la sélection Tremplin 2008 de l’Ensemble intercontemporain et de l’Ircam et, en 2012, du concours international de composition Prix Giga-Hertz en Allemagne pour Raggi di stringhe (2011) pour violon et électronique, commande de l’Ircam-Centre Pompidou, crée par Hae-Sun Kang au Centre Pompidou en 2011.
Dans le cadre du doctorat SACRe-PSL, je mène une recherche intitulée « Ecriture composée du son, du temps et de l’espace dans l’interaction entre instruments et dispositifs numériques synchrones », dirigée par Gérard Assayag (Ircam) et encadrée par Stefano Gervasoni et Luis Naón (CNSMDP). Ce projet de recherche vise à étudier l’intégration contemporaine, dans la composition et la performance, des outils technologiques et artistiques correspondant à l’état de l’art en matière d’interaction temps-réel entre production instrumentale, production numérique du son et production de formes spatio-temporelles dans le lieu d’écoute. Je m’intéresse notamment à des applications technologiques et musicales liées à certaines thématiques de mon activité compositionnelle, telles que l’interaction temps-réel contextualisée entre l’interprète et l’ordinateur, les paradigmes informatiques pour la gestion du temps et les outils de synchronisation, la recherche sur la question du timbre instrumental, l’interaction avec l’espace et la relation avec d’autres formes artistiques. L’idée principale de mon travail sera centrée sur l’interaction en temps réel avec des dispositifs informatiques « intelligents” dans le cadre d’une écriture particulièrement virtuose avec des aspects spécifiques de construction temporelle et spatiale, cette situation hybride influençant en retour la nature de l’écriture elle-même.
SACRe - Augusta Müller (ENS)
Architecture et socialité Le design architectural d’une école nationale supérieure d’art et de design : l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs (EnsAD – Paris) Une analyse empirique par la sociologie de l’architecture
Première inscription : 2013
Directeur de thèse : Marc Crépon, PR ENS
Co-directeur de thèse : Emmanuel Mahé, HDR, ENSAD
Discipline : SACRe, Design
Date de soutenance : 4 décembre 2017
Composition du jury :
- Marc Crépon (DR ENS Paris)
- Emmanuel Mahé (DR EnsAD Paris)
- Christian Le Moënne (Pr émérite Université Rennes 2)
- Philippe Potie (Pr école d’architecture de Versailles)
- Barbara Vinken (Pr LMU Munich)
Résumé :
Cette recherche portant sur l’influence de l’architecture sur le comportement social se situe dans un certain contexte temporel, dans lequel l’édifice rationnel de la modernité est devenu fragile depuis longtemps, et où le paradigme communicatif est souvent remis en cause en tant que particularité des comportements sociaux. L’apparition des théories pratiques concernant la sociologie a souligné l’importance des éléments matériels pour que s’élabore le caractère social ; ces éléments ne sont pas seulement des objets culturels inertes, mais bien des choses qui provoquent des associations et des incidences vivantes et mobiles lorsqu’on les utilise. On attribue alors à ces associations et incidences une proportion de caractère social non négligeable, mais qui est peu étudié empiriquement. Cette recherche portant sur l’influence de l’architecture de l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs (EnsAD) sur le comportement social s’est penché sur les incidences et les associations qui apparaissent en fréquentant le bâtiment. Trois questions ont ainsi jalonné notre développement : premièrement, comment agit l’atmosphère architecturale de l’EnsAD sur la socialité ? Deuxièmement, comment agissent les éléments architecturaux de l’EnsAD sur les mouvements sociaux ? Et troisièmement, comment l’atmosphère architecturale et les éléments architecturaux maintiennent le social stable ? Ces questions montrent l’objectif de cette recherche, qui est de dépeindre de manière descriptive l’influence de l’architecture de l’EnsAD sur le comportement social, en se basant sur ses incidences et ses associations. Pour préparer le bâtiment de l’EnsAD pour une étude empirique, nous l’avons divisé en dix parties. Nous avons utilisé une méthode triangulaire pour l’étude empirique. Nous avons donc défini l’atmosphère architecturale de l’EnsAD grâce à une enquête quantitative menée avec les étudiants. Nous avons étudié le rapport associatif des éléments architecturaux de l’EnsAD grâce à la théorie de l’acteur-réseau, en nous basant sur un entretien collectif avec des étudiants. Les résultats ont pu reconstituer les différentes atmosphères dans l’enceinte de l’EnsAD, faire ressortir le rôle de la perception des incidences, traiter la fonction de soutien de l’atmosphère architecturale, révéler un jeu entre le clair et l’obscur dans l’architecture de l’EnsAD, et montrer les associations qui accompagnent les éléments architecturaux. En comparant les résultats des deux méthodes, aucune contradiction n’est apparue. Au contraire, ils se complétaient et s’enrichissaient, et donnaient même un aperçu global du rapport entre l’architecture et la socialité que l’on n’aurait pas pu obtenir sans confronter les deux méthodes.
Bio :
J’ai commencé mes études à Florence, dans le domaine du dessin industriel, puis j’ai rejoint l’université de Munich pour engager une réflexion plus philosophique sur le design. Enfin, j’ai étudié à Paris l’histoire de l’art et la philosophie. J’entends maintenant conjuguer ces différentes expériences passées en travaillant sur le thème : Design et Fétichisme, titre de ma thèse.
En effet je ne perçois le design ni comme une forme purement fonctionnelle ou industrielle, ni comme un objet uniquement artistique. Je le considère comme un thème de recherche véritablement interdisciplinaire qui s’inscrit dans une suite logique des études que j’ai menées jusqu’à présent. Pour obtenir une théorie du design accessible et montrer les premières caractéristiques et fondations d’une science du design, le design doit être défini par rapport au fétiche, de manière non duale. Dans cette perspective, les aspects scientifiques et théoriques rentrent en compte au même titre que les rapports à la rationalité économique. Une science du design, qui situe le design dans le monde des choses, le conçoit comme un médiateur, par lequel se constitue la socialisation. En prenant le fétiche comme référence on peut montrer quand le design est authentique et quand il ne l’est pas. Cette possibilité de différencier devient de plus en plus importante dans la mesure où le design s’étend à de vastes domaines de la vie. J’ai souhaité participer au programme doctoral SACRe pour approfondir ma recherche théorique tout en pouvant échanger avec des étudiants pratiquant d’autres formes d’art qui pourront enrichir mes travaux.
Mon directeur de thèse est Marc Crépon (Directeur de recherches CNRS, ENS), mon co-directeur Emmanuel Mahé (Directeur de la Recherche, ENSAD).
SACRe - Marie-Hélène Pigis (ENS)
Temps, art et production. L’Atelier de Recherche et de Création au sein du Mobilier national : anachronisme ou modèle pour le futur ?
Première inscription : 2013
Directeur de thèse : Nadeije Laneyrie-Dagen, PR, ENS
Co-directeur de thèse : Emmanuel Mahé
Encadrant artiste : Marc Bayard, Mobilier National
Discipline : SACRe, Arts visuels
Bio / Résumé :
Mon travail de thèse au sein du cursus SACRe est réalisé en co-direction entre M. Emmanuel Mahé (ENSAD, directeur) et M. Marc Bayard (Mobilier National, co-directeur).
Sous le titre « Temps, Art et Production : en quoi le temps est-il le ferment d’une conception et d’une production durables, créatives et désirables ? », ma recherche se situe dans le sillage du mouvement Slow, qui s’attache à retrouver individuellement et à essaimer collectivement un « temps juste » équilibré.
Mon objet d’étude, d’abord centré autour de l’artisanat d’art, s’élargira à la démarche « artisanale » des artistes, mais aussi aux nouveaux gestes et valeurs « artisanaux » que l’on retrouve dans les pratiques collaboratives des hackers ou des usagers de Fablab, qui réinventent de nouvelles formes de co-production et de création.
Mon corpus d’analyse portera sur les différentes théories du temps (psycho-sociologie et philosophie), du geste de l’artisan mais aussi des enjeux contemporains de notre environnement digital.
La synthèse de ces sources me permettra d’investiguer si le temps long passé à réaliser un objet génère des impacts positifs dans le processus de production de l’objet (et la satisfaction de l’artiste ou l’artisan qui le réalise), mais aussi dans le résultat obtenu et la perception par le spectateur, acquéreur ou consommateur de l’objet.
Dans le cadre du Mobilier National, je m’attache à étudier le fonctionnement et les réalisations de l’Atelier de Recherche et Création (ARC) qui, en raison de ses spécificités structurelles, produit des pièces de mobilier avec peu de contraintes temporelles, mais avec pour défi de servir les lieux de pouvoir, et de réussir à réaliser des innovations techniques ou esthétiques impliquant des méthodes traditionnelles ou nouvelles.
Par ailleurs, je suis les productions et interventions du laboratoire d’idées SlowMade (« fait avec tout le temps nécessaire ») créé en novembre 2012 par Marc Bayard pour le Mobilier National, avec le support de l’Institut National des Métiers d’Art.
SACRe - Laura Porter (ENSBA)
« Royal Secrets in the Queen’s Body Fat »
Première inscription : 2013
Directeur de thèse : Daniel Milo, MC HDR EHESS
Encadrant artiste : Dominique Figarella, Peintre, Chef d’atelier ENSBA
Discipline : SACRe, Arts visuels
Date de soutenance : 13 décembre 2017
Composition du jury :
- Daniel Milo (MCF, EHESS)
- Monique Jeudy-Ballini (DR, CNRS)
- Antoine De Baecque (PR, Ecole Normale Superieure)
- Philippe Nys (Professeur Emérite, Paris 8)
- Dominique Figarella (PR, ENSBA)
- Jeffrey Rian (PR, Ecole Nationale Supérieure d’Arts Paris Cergy-ENSAPC)
- Elie During (MCF, Université Paris Nanterre – Paris 10)
Résumé :
Pour cette thèse par la pratique, une sélection de travaux réalisés durant le doctorat SACRe PSL ont été présentées en décembre 2017 dans la salle Foch des Beaux Arts de Paris – lieux également de la soutenance de thèse le 13 décembre 2017. L’exposition rassemble un échantillonnage des expériences de sculpture et d’installation réalisées les quatre années du doctorat. Ces années ont été orientées par l’idée persistante qu’il y a – dans toute forme artistique – un rapport au corps. C’est un face à face avec un corps fantôme dont seule la partie mécanisée apparaît comme sculpture, et dont le moule morphologique opère comme plus-value.
Le titre « Royal Secrets in the Queens Body Fat » est directement emprunté d’un article des sciences dures qui analyse le rôle de l’engraissement des abeilles larves des futures reines et donc la fonction du surplus dans un système de production. Mesurer le corps et produire du surplus sont deux aspects de nos économies de production qui alimentent mon travail – d’où l’importance que j’accorde au mangeable et à la graisse. Le titre de l’exposition Judgement of Crop (jugement de la moisson), complémentaire du titre de la thèse, insiste sur la quantification, l’examen à l’unité près de tout ce qui peut être dépensé, récolté.
Bio :
Articulant différents types de matériaux (synthétiques, alimentaires et végétaux), le travail de Laura Porter interroge les modes de production de la valeur. Œuvrant principalement au sol, ses installations mettent à plat et réorganisent ces éléments pour se réapproprier leurs symboles, donnant forme à de petites économies technologiques et nutritionnelles.
Laura Porter, artiste américaine, vit à Paris. Née à la Nouvelle Orléans, elle est diplômée de l’École Nationale Supérieure d’Arts de Paris-Cergy et a obtenu un doctorat en arts plastiques dans le cadre du programme SACRe-PSL aux Beaux Arts de Paris. Elle a exposé en France et à l’étranger, notamment au Centre Régional d’Art Contemporain Languedoc-Roussillon (Sète, 2014), à la Totatoga Gallery en Corée de Sud (Busan, 2014), à la galerie Escougnou-Cetraro (Paris, 2015-2018) à la Fundació Joan Miró en Espagne (Barcelone, 2017), au Palais des Beaux Arts (Paris, 2017) à la White Crypt (Londres, 2018), au FRAC Champagne-Ardenne (Reims, 2018), et au Parc Woluwe (Bruxelles, 2018).
SACRe - Giovanni Bertelli (CNSMDP)
Son, geste, Ecriture : Pour une musique théâtrale
Première inscription : 2014
Directeur de thèse : Marc Battier, PR, Paris IV
Encadrant artiste : Frédéric Durieux, Compositeur
Discipline : Composition musicale
Bio / Résumé :
Compositeur, je suis né à Vérone en 1980.
J’ai commencé mes études musicales dans le conservatoire de ma ville natale, où j’ai remporté les prix de piano et composition. Parallèlement, j’ai obtenu une maîtrise en philosophie à l’université de Vérone. En 2008, j’ai été admis directement en Master dans la classe de Stefano Gervasoni au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris (CNSMDP) ; ensuite, j’ai participé aux cursus de l’Ircam en 2010 et 2011.
J’ai reçu des commandes de la Biennale de Venise, Radio France, Musik der Jahrhunderte et j’ai collaboré avec des formations comme le quatuor Arditti, Alea III, Ascolta, Bit20, Court-Circuit, Divertimento ensemble, Linea, Neue Vocalsolisten.
Comme j’ai toujours été fasciné par la dimension théâtrale de la musique, mon projet de doctorat concerne l’étude du rapport entre le son et les gestes physiques à l’origine de sa production.
Au niveau de la composition, mon but est l’élaboration d’un ensemble de pièces dont le centre d’intérêt sera l’intégration du rendu sonore avec les aspects performatifs et visuels de l’exécution musicale. Ma préoccupation principale sera de ne pas ajouter un niveau supplémentaire à la performance musicale : au contraire, je vais chercher à l’intérieur de la pratique instrumentale et vocale les mouvements et les gestes qui peuvent faire objet d’une organisation complémentaire.
D’un point de vue théorique, je voudrais créer un catalogue de gestes instrumentaux et, plus généralement, des gestes liés à la performance musicale selon l’analyse de leur morphologie : ce catalogue, à mi-chemin entre musicologie et orchestration, constituerait la ressource primaire pour orienter mon travail artistique.
Pour ce qui concerne les nouvelles technologies, leur application suivra deux lignes distinctes de recherche : d’un côté, l’exploitation d’outils et de techniques pour la captation du geste, ainsi que les problèmes relatifs au mapping et, plus généralement, à la transformation d’un nombre de données spatiales en éléments temporels et musicaux. De l’autre, la notion du geste sera élargie à celle plus extensive de mouvement, à travers un travail de lutherie électronique : une partie du projet sera dédiée à la construction d’automates musicaux, qui pourront être utilisés comme des objets autonomes, à la fois chorégraphiques et sonores, mais aussi comme de véritables instruments à jouer lors d’un concert ou d’une performance.
Ma thèse est dirigée par Marc Battier, professeur à l’université Paris-Sorbonne ; le travail artistique est encadré par Frédéric Durieux, professeur au CNSMDP.
http://brahms.ircam.fr/giovanni-bertelli
http://www.paris-sorbonne.fr/l-universite/nos-enseignants-chercheurs/article/battier-marc
http://www.fredericdurieux.com/
SACRe - Marcus Borja (CNSAD)
Poétiques de la voix et espaces sonores : La musicalité et la choralité comme bases de la pratique théâtrale
Première inscription : 2014
Directeur de thèse : Jean-François Dusigne, PR Paris VIII
Encadrants artistes : Sylvie Deguy (CNSAD) et Luis Naon (CNSMDP)
Discipline : SACRe, Théâtre
Date de soutenance : 1 décembre 2017
Composition du jury :
- Jean-François Dusigne (Pr Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis)
- Isabelle Moindrot (Pr Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis)
- Julia Gros De Gasquet (MC Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3)
- Sylvie Deguy (Pr CNSAD)
- Francesca Della Monica (Artiste Accademia del Dramma Antico di Siracusa)
- Joseph Danan (Pr Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3)
- Luis Naon (Pr CNSMDP)
- Jean-Loup Riviere (Professeur émérite CNSAD)
Résumé :
Ma recherche dans le cadre de SACRe a pour but de démontrer et faire agir – de façon consciente et organique – dans le travail du plateau, la similarité des modes de perception et structuration du temps dans la musique et dans le théâtre et proposer, à partir de cette relation, une base solide et un langage commun au travail de l’acteur, du musicien, du performer et du metteur en scène.
Mes travaux porteront essentiellement sur la dimension sonore et l’approche musicale du théâtre (écoute, rythme, ligne mélodique, harmonie, contrepoint) aussi bien en ce qui concerne l’investigation et interprétation du texte qu’au niveau de la dynamique et des mouvements scéniques. Il s’agir de mettre en évidence, au moyen de multiples expérimentations déclinant les différentes possibilités offertes par la scène, la nature essentiellement musicale – notamment en ce qui concerne le rapport temps-rythme et l’harmonie « chorale » – des principes structurant l’organisation et l’accomplissement du phénomène théâtral.
Prenant la musicalité comme base du travail de l’acteur et de la construction scénique, il s’agira de décliner, au fil des différents travaux et expérimentations pratiques, la notion/dispositif de choralité. La polyphonie m’intéresse énormément, le mélange de timbres, de couleurs, d’harmoniques… même quand il ne sera pas nécessairement question de « notes musicales » à proprement parler.
La voix est au centre de cette recherche. La gamme très vaste de possibilités sonores et expressives que peut produire notre appareil phonateur – qui se multiplie encore à l’infini quant on combine les sons produits par plusieurs personnes vocalisant ensemble – est une porte grande ouverte à la création : c’est de la matière poétique concrète, malléable, élastique, transformable. Que ce soit la voix parlée, le cri, le rire, le chant lyrique, traditionnel, populaire ou expérimental, sa relation et l’engagement qu’elle entraîne avec le corps en mouvement : tout ce monde m’intéresse et m’inspire. C’est l’univers dans lequel je compte travailler et créer en tant qu’interprète, compositeur, enseignant, chef de chœur, performer, comédien ou metteur en scène.
Penser, explorer e potentialiser la musique – ou, plus largement, la notion bien plus vaste de musicalité – comme matière-première « concrète », indissociable du travail de l’acteur, inscrite au présent de la scène e du jeu, tel est le but de ce projet de recherche. Bien plus qu’un ensemble de codes et compétences formelles ou académiques dépendantes d’une seule voie d’acquisition possible – à savoir, la notation musicale occidentale – l’approche musicale, dans son essence, se relie à un processus beaucoup plus intuitif et immédiat. Surtout lorsqu’on constate, en effaçant les frontières (actuelles) entre les arts, que la musique a toujours été (et le demeure) associée à l’action scénique. Rythme, dynamique, tempo, phrasé et harmonie, par exemple, sont des concepts directement applicables aussi bien à la pratique musicale qu’à celle du théâtre, même lorsque ce dernier ne se sert pas de partitions et œuvres musicales entendues comme tel.
Bio :
Docteur en Études Théâtrales par l’Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3 et l’Université de São Paulo (USP), je suis acteur, metteur en scène, dramaturge, musicien et chef de choeur brésilien. SACRe est mon deuxième doctorat, que j’ai choisi pour sa double nature pratique et théorique, alliant la recherche en art et la création artistique.
Diplômé de lettres modernes à l’Université de Brasilia, je me suis formé en France à l’École Internationale Jacques Lecoq, à l’École Supérieure d’Art Dramatique (ESAD) et au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique. J’ai également une licence et un master en histoire de l’art et muséologie de l’École du Louvre.
J’ai travaillé, notamment, avec Jean-Louis Hourdin, Sophie Loucachevsky, Fausto Paravidino, Jacques Rebotier, Yoshi Oida, Christiane Jatahy, Meredith Monk, Antônio Araújo, Nada Strancar, Éric Ruf, entre autres.
Je conçois et dirige des stages de techniques théâtrales en France et au Brésil et j’ai intervenu dans plusieurs colloques et rencontres internationales autour de la création théâtrale, notamment Les Nouveaux matériaux du Théâtre (Paris III et Festival Reims scènes d’Europe, février 2015) ; La direction d’acteurs, peut-elle s’apprendre ? (Paris VIII, décembre 2014) ; Nouveaux modes de production du [texte de] théâtre (Paris III, mars 2014) et Les Collectifs dans les arts vivants depuis 1980 (LABEX CAP/ CRAL-HICSA ; Université de Picardie Jules Verne et INHA, mai 2013). Je co-organise en novembre 2015 un colloque international mêlant recherche et pratique, conçu avec deux collègues doctorantes en études théâtrales, intitulé Pratiques de la voix sur scène : de l’apprentissage à la performance vocale, soutenu par le LABEX Arts-H2H et la Maison des Sciences de l’Homme et en partenariat avec le CNSAD, l’université Paris VIII, l’Université de Picardie et deux universités brésiliennes.
J’ai publié plusieurs articles et essais, notamment Du collectif au collaboratif : tendances et évolutions de l’écriture scénique au pluriel dans l’ouvrage Les Collectifs dans les arts vivants depuis 1980, éd. L’Entretemps, 2014 ; et L’Écoute active et le silence parlant : la musicalité comme base pour la direction d’acteurs, éd. Les Solitaires Intempestifs, 2015.
Je dirige, depuis 2015, le Choeur du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique.
Mon projet de recherche SACRe, Poétiques de la voix et espaces sonores : la musicalité et la choralité comme bases pour le travail théâtral, se fait sous la direction de Jean-François Dusigne (Paris VIII) et mes encadrants artistes sont Sylvie Deguy (CNSAD) et Luis Naon (CNSMDP). Ma dernière création, THÉÂTRE, projet choral avec une cinquantaine d’interprètes de diverses nationalités a eu lieu en avril 2015 au CNSAD.
Je travaille dix fois plus facilement avec un acteur qui aime la musique […] rares sont ceux qui comprennent que la musique est le meilleur organisateur du temps dans un spectacle. Le jeu de l’acteur c’est, pour parler de façon imagée, son duel avec le temps. Et ici, la musique est son meilleur allié. Elle peut éventuellement ne pas du tout se faire entendre, mais elle doit se faire sentir.
Vsevolod Meyerhold
Le sonore […] emporte la forme, il ne la dissout pas, il l’élargit plutôt, il lui donne une ampleur, une épaisseur et une vibration ou une ondulation dont le dessin ne fait jamais qu’approcher. Le visuel persiste jusque dans son évanouissement, le sonore apparaît et disparaît jusque dans sa permanence.
Jean-Luc Nancy
Sois pluriel comme l’univers.
Fernando Pessoa
SACRe - Jagna Ciuchta (ENSBA)
Exposition — glissement de la structure, éclatement de la signature
Première inscription : 2014
Directeur de thèse : Guitemie Maldonado
Encadrant artiste : Dominique Figarella
Discipline : Arts visuels
SACRe - Julien Descherre (ENS)
Le concept de T(t)erre comme conduite d’un design éthique
Première inscription : 2014
Directeur de thèse : Marc Crépon, PR ENS
Co-directeur de thèse : Olivier Peyricot, Designer
Discipline : Philosophie et Design
Bio / Résumé :
Né en 1978, je suis designer, diplômé de l’université Paris-IV-Sorbonne où j’ai soutenu en 2007 un master II portant sur l’architecture hospitalière. Je suis ensuite entré à l’Ecole Boulle où j’ai suivi pendant deux années une formation d’ébéniste-marqueteur. J’ai effectué à cette occasion un stage au Mobilier National à l’ARC, section métal puis bois et composites. J’ai ensuite intégré en 2011 l’EnsADLab dans le programme de recherche SAIL (sciences et design) dans lequel je me suis inspiré de phénomènes lumineux relatifs à l’optique géométrique, réflexion et réfraction notamment, observés et expérimentés dans l’eau puis traduits dans le verre afin de produire des objets du quotidien, des lampes veilleuses notamment, enrichies par la poétique de ces phénomènes.
En parallèle de cela, j’ai participé en 2011 à une masterclass organisée par l’INMA, portant sur le design et le bois en Finlande. En 2012 j’ai créé mon propre studio de design (objets, mobiliers, produits) et j’ai présenté mon travail dans divers salons tels l’Arena Design de Poznan en Pologne en février 2014, ou encore le Salone Internazionale del Mobile (Satellite) à Milan en avril de la même année. Mes travaux et recherches se sont donc toujours situés à mi-chemin entre théorie et pratique.
Mon sujet de thèse dans le cadre du doctorat SACRe à l’ENS s’intitule : ‘‘Le matériau terre comme méthodologie d’un design éthicosmopolitique1’’. Mon directeur de thèse est le philosophe Marc Crépon, directeur du département de philosophie de l’ENS Paris et directeur de recherche au CNRS et mon co-directeur est le designer et théoricien Olivier Peyricot, directeur du pôle recherche et expérimentation de la Cité du design de Saint-Etienne. Plusieurs experts sont associés à ce travail, notamment Michel Morange, professeur de biologie à l’université Paris-6 et à l’ENS, directeur de recherche du Centre Cavaillès d’Histoire et de Philosophie des sciences de l’ENS.
Dans le cadre de cette thèse, je souhaite adopter une posture critique en interrogeant le design, qui, véritable enjeu de société car omniprésent, est trop souvent soumis à la loi du marketing en tant qu’instrument de contrôle social. Ce questionnement se fera d’un point de vue conjointement éthique et politique, à travers le matériau terre, dans le but de faire du design, non pas un instrument de complaisance, mais bien un régénérateur du corps social, des milieux (naturel, technique, institutionnel et symbolique).
1 Terme que j’emprunte à Marc Crépon dans son livre Le Consentement meurtrier, paru en 2012 aux Editions du Cerf.
SACRe - Esther Jacopin (La Fémis)
La continuité stéréoscopique : correspondances et discontinuité
Première inscription : 2014
Directeur de thèse : Giusy Pisano, PR ENS Lyon
Encadrant artiste : Sabine Lancelin, directrice de la photographie / Jeanne Guillot, stéréographe
Discipline : Cinéma
Date de soutenance : 2 décembre 2017
Composition du jury :
- Giusy Pisano (Pr École Nationale Supérieure Louis-Lumière)
- Jeanne Guillot (Stéréographe et Directrice de la Photographie La Fémis)
- Sabine Lancelin (Directrice de la Photographie La Fémis)
- Martin Barnier (Pr Université Lyon 2)
- Gilles Mouellic (Pr Université Rennes 2)
- Vincent Amiel (Pr Université Paris 1 – Panthéon Sorbonne)
- Sylvain Grain (Producteur et Stéréographe)
Résumé :
Réalisée au sein du doctorat SACRe, la démarche de cette thèse est celle d’une recherche par la pratique. Elle est constituée de deux films en 3D stéréoscopique (3Ds). Ils sont accompagnés d’un manuscrit qui fait état des explorations et met en forme la réflexion menée au cours des trois années de doctorat.
Dans un premier temps, la thèse s’emploie à définir la notion de continuité au cinéma. Elle conduit à l’identification des éléments requis pour l’existence de la continuité d’une part, et pour sa compréhension d’autre part, permettant ainsi d’établir un modèle de la continuité cinématographique, qui partage certains de ses principes avec d’autres domaines, tant scientifiques qu’artistiques.
Nous analysons ensuite le cas singulier de la stéréoscopie, entre continuités et discontinuités. Cette étude technique et perceptive permet d’aborder pleinement les spécificités de cette technique, afin de faire l’état des lieux de la continuité dans le cinéma en 3D stéréoscopique.
La recherche s’achève en mettant en lumière les possibilités artistiques inexplorées en 3Ds, parmi lesquelles celle d’enrichir la continuité stéréoscopique en s’inspirant de la façon dont l’architecture et la musique ont traité les notions de continuité et de discontinuité. Nous avons expérimenté certaines de ces possibilités au travers de deux courts métrages, dont nous rendons compte dans la dernière partie du manuscrit.
SACRe - Hadrien Jean (ENS)
Ré-apprendre à percevoir la musique : paradigme d’entrainement perceptif
Première inscription : 2014
Directeur de thèse : Daniel Pressnitzer, PR ENS
Discipline : SACRe, Sciences cognitives
Date de soutenance : 20 décembre 2018
Composition du jury :
- Daniel PRESSNITZER (DR Ecole normale supérieure) Directeur de thèse
- Christophe MICHEYL (Directeur de recherche Starkey Hearing Technologies) Rapporteur
- Bénédicte POULIN-CHARRONAT (Directeur de recherche CNRS – Université Bourgogne Franche-Comté – UMR 5022) Rapporteur
- Anne CACLIN (Chargé de recherche Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon INSERM U1028 – CNRS UMR5292) Examinateur
- Frédéric BEVILACQUA (Directeur de recherche IRCAM Examinateur
- Benoît MONTIGNé (Chargé de cours École nationale supérieure des Arts Décoratifs de Paris EnsAD) Examinateur
- Laurent DEMANY (Professeur émérite CNRS UMR 5287 – INCIA Institut de Neurosciences cognitives et intégratives d’Aquitaine) Examinateur
Résumé :
La capacité à isoler une source sonore d’intérêt est une aptitude cruciale de la vie de tous les jours. Elle est nécessaire pour suivre une conversation dans un environnement bruyant ou isoler une mélodie dans une ensemble musical par exemple. Dans cette thèse, nous avons évalué les mécanismes d’apprentissage de la perception de la fréquence et de l’attention sélective auditive utilisant des protocoles perceptifs sur tablettes ainsi que des méthodes électrophysiologiques (EEG). Les résultats principaux montrent que des effets d’apprentissage peuvent être observés dans des tâches où l’attention sélective est mesurée par le biais du masquage informationnel. Il semble aussi que des effets de fréquence robuste caractérise ce type de masquage.
Bio :
Malgré l’évolution de la qualité de la perception sonore chez les malentendants grâce aux progrès dans le domaine du traitement du signal, un besoin subsiste concernant les situations d’écoute difficiles, comme la compréhension de la parole dans le bruit ou la perception musicale. Le consensus actuel est que l’entraînement perceptif, par son action au niveau du système nerveux central, représente une source d’amélioration des capacités perceptives pourtant peu exploitée. L’objectif de ce projet est donc de mettre en place des outils d’entraînement perceptif auditif fondés sur la pratique musicale, mais destinés à des non-musiciens. L’apprentissage sera évalué grâce à des outils psychophysiques, et des données électrophysiologiques (EEG) seront enregistrées pendant les différentes phases du protocole. Des techniques de reconstruction du signal seront appliquées et la possibilité d’utiliser ces données sous forme de neurofeedback sera évaluée.
Résumé des différentes étapes du projet
Contexte
La compréhension du langage, ou de la musique ne consiste pas uniquement en une représentation passive des informations acoustiques. Elle dépend également des traitements cérébraux actifs et complexes dont ces informations vont faire l’objet.
L’apparente facilité avec laquelle nous appréhendons le monde sonore ne doit pas laisser penser que ces traitements sont triviaux. Par exemple, malgré d’importants progrès technologiques liés au traitement du signal dans les prothèses auditives pour auditeurs malentendants, les capacités des patients sont encore bien inférieures à celles des normo-entendants. Notamment, la compréhension du langage est altérée, voire rendue impossible, lorsque
l’environnement est bruyant, lorsque le signal acoustique est particulièrement riche comme pour l’écoute de la musique, ou lorsque la qualité des signaux acoustiques n’est pas optimale (comme dans le cas de conversations téléphoniques).
Cela est imputé au fait que les pertes auditives périphériques (destruction des cellules ciliées de la cochlée, par exemple) entraînent une dégradation des capacités de traitement par le système nerveux central (à cause de réorganisations neuronales, notamment ; Doucet et al., 2006). Pour cette raison, malgré une bonne qualité théorique du signal transmis par l’aide auditive, les capacités perceptives ne sont pas totalement retrouvées.
La capacité à ré-entendre grâce à l’utilisation d’une aide auditive n’est donc pas automatique. Cependant, l’amélioration observée des performances de compréhension de la parole pendant les premiers mois d’utilisation d’une aide auditive témoigne d’une certaine plasticité cérébrale. Or, il semble que cette propriété plastique du cerveau peut être sollicitée pour améliorer la récupération perceptive en combinant l’apprentissage « passif » (exposition quotidienne aux signaux fournis par l’aide auditive) à un apprentissage « actif » (Anderson et Kraus, 2013). Le système auditif est en effet très labile et un apprentissage perceptif peut se mettre en place de façon rapide et durable (Agus et al., 2010, 2013). Des programmes commerciaux d’entraînement de plus en plus nombreux sont donc élaborés de manière à catalyser la réhabilitation des capacités perceptives (Sound and Way beyond, Listening and Communication Enhancement, eARena…).
Objectifs et méthodologie
L’objectif est de développer des outils d’entraînement perceptif originaux permettant d’améliorer des capacités auditives telle que la perception de la parole dans le silence ou dans le bruit, mais également la perception musicale.
La première étape consistera à mettre en place un paradigme interactif inspiré de la pratique musicale (mais destiné à des non-musiciens). Les musiciens présentent en effet de meilleures capacités de perception en ce qui concerne les différents paramètres sonores, mais ils ont également de meilleures aptitudes de traitement du langage que les non-musiciens (Musacchia et al., 2007). De plus, la pratique musicale est corrélée à une bonne réhabilitation auditive des patients qui utilisent une aide auditive (Chen et al., 2010). Les outils d’entraînement perceptif élaborés combineront donc les caractéristiques propres à l’entraînement musical, comme l’utilisation de la boucle audio-motrice. L’hypothèse est que la perception auditive est plus largement sollicitée lorsqu’elle est destinée à contrôler une production (dans le cas d’un ajustement de fréquences sonores, par exemple). En outre, les caractéristiques que l’on sait influentes sur la qualité de l’apprentissage perceptif et sur sa généralisation seront utilisées (comme la nature du feedback donné au participant ou la variété des stimuli utilisés, Deveau et al., 2014).
La deuxième étape sera ensuite de tester le protocole d’entraînement perceptif mis en place sur l’individu sain de manière à évaluer l’apprentissage dans le cadre des stimuli utilisés, mais également sa généralisation à d’autres types de stimuli.
Cette évaluation sera faite à l’aide d’outils psychophysiques (comme des tâches de perception du signal dans le bruit), et des enregistrements électrophysiologiques (EEG) seront réalisés à intervalles réguliers du protocole. Le signal recueilli par EEG peut être un indicateur précis de la manière dont le stimulus a été traité. Notamment, des techniques récentes de reconstruction du signal EEG peuvent être appliquées de manière à calculer la force de sa corrélation avec le signal acoustique original (Mesgarani et al., 2012 ; O’Sullivan et al., 2014). Une hypothèse est que si le protocole d’apprentissage est efficace, l’amélioration des performances aux tâches comportementales pourrait s’accompagner d’une corrélation plus forte entre le signal EEG et le signal acoustique correspondant. Cela fournirait un indice électrophysiologique permettant de préciser les mécanismes sous-jacents à l’amélioration des performances comportementales, et aussi, idéalement, d’en donner une mesure objective rapide et efficace.
En outre, si cette hypothèse selon laquelle l’apprentissage perceptif est associé à une meilleure corrélation entre signal acoustique et signal EEG est vérifiée, une nouvelle expérience sera mise en place, dans laquelle l’auditeur sera informé en temps réel de la force de cette corrélation sous la forme de neurofeedback. Essai par essai, la valeur de la corrélation entre reconstruction et signal sera indiquée à l’auditeur. La littérature actuelle concernant le neurofeedback (Zoefel et al., 2011) suggère qu’une telle information serait à même d’accélérer l’amélioration des performances, bien que cela n’ait jamais encore été testé avec un neurofeedback aussi spécifique que celui que nous proposons.
Enfin, la dernière étape sera de tester le paradigme d’apprentissage perceptif sur les populations concernées par les difficultés de perception auditive. Il s’agira des patients récemment équipés d’aides auditives. Les adultes âgés pourront également être concernés car bien qu’une partie des difficultés liées à la presbyacousie soient d’origine périphérique, certaines études montrent l’impact des mécanismes centraux. Notamment, la perception de la parole dans le bruit est moins bonne chez les adultes âgés que chez les adultes jeunes, même dans les cas où les seuils acoustiques sont équivalents (Tun et al., 2002).
Bibliographie
Agus, T. R., & Pressnitzer, D. (2013). The detection of repetitions in noise before and after perceptual learning. The Journal of the Acoustical Society of America, 134(1), 464–473.
Agus, T. R., Thorpe, S. J., & Pressnitzer, D. (2010). Rapid formation of robust auditory memories: insights from noise. Neuron, 66(4), 610–618.
Anderson, S., & Kraus, N. (2013). Auditory Training: Evidence for Neural Plasticity in Older Adults. Perspectives on Hearing and Hearing Disorders: Research and Diagnostics, 17(1), 37–57.
Chen, J. K.-C., Chuang, A. Y. C., McMahon, C., Hsieh, J.-C., Tung, T.-H., & Li, L. P.-H. (2010). Music training improves pitch perception in prelingually deafened children with cochlear implants. Pediatrics, 125(4), e793–800.
Deveau, J., Ozer, D. J., & Seitz, A. R. (2014). Improved vision and on-field performance in baseball through perceptual learning. Current Biology, 24(4), R146–R147.
Doucet, M. E., Bergeron, F., Lassonde, M., Ferron, P., & Lepore, F. (2006). Cross-modal reorganization and speech perception in cochlear implant users. Brain, 129(12), 3376–3383.
Mesgarani, N., & Chang, E. F. (2012). Selective cortical representation of attended speaker in multi-talker speech perception. Nature, 485(7397), 233–236.
Musacchia, G., Sams, M., Skoe, E., & Kraus, N. (2007). Musicians have enhanced subcortical auditory and audiovisual processing of speech and music. Proceedings of the National Academy of Sciences, 104(40), 15894–15898.
O’Sullivan, J. A., Power, A. J., Mesgarani, N., Rajaram, S., Foxe, J. J., Shinn-Cunningham, B. G., … Lalor, E. C. (2014). Attentional Selection in a Cocktail Party Environment Can Be Decoded from Single-Trial EEG. Cerebral Cortex (New York, N.Y.: 1991).
Tun, P. A., O’Kane, G., & Wingfield, A. (2002). Distraction by competing speech in young and older adult listeners. Psychology and Aging, 17(3), 453–467.
Zoefel, B., Huster, R. J., & Herrmann, C. S. (2011). Neurofeedback training of the upper alpha frequency band in EEG improves cognitive performance. NeuroImage, 54(2), 1427–1431.
SACRe - Elizaveta Konovalova (ENSBA)
K
Première inscription : 2014
Directeur de thèse : François-René Martin
Encadrant artiste : Dominique Figarella
Discipline : Arts visuels
Discipline : SACRe, Arts visuels
Date de soutenance : 15 décembre 2018
Composition du jury :
- François-René MARTIN (Professeur ENSBA) Directeur de thèse
- Dominique FIGARELLA (artiste, enseignant ENSBA) Examinateur
- Elena PETROVSKAYA (Senior Research IPHRAS Institut de philosophie de l’Académie des sciences de Russie, Moscou) Rapporteur
- Éric DE CHASSEY (Professeur ENS Lyon) Rapporteur
- Monique JEUDY-BALLINI (Directeur de recherche CNRS) Examinateur
- Jean-Yves JOUANNAIS (Artiste indépendant) Examinateur
- Muriel PIC (Professeur Université de Berne, Institut de langue et de littérature françaises) Examinateur
- Marie VOIGNIER (artiste, enseignant ENSBA Lyon) Examinateur
Résumé :
Ce projet de thèse n’a jamais eu de sujet de recherche à proprement parler, mais plutôt un objet, un point d’ancrage, une attache géographique que j’ai choisi pour graviter autour : Kaliningrad. Anciennement partie de la Prusse Orientale, la région revient à l’URSS en 1945 à l’issue de la Seconde guerre mondiale, lorsque cette province allemande est divisée entre trois pays : l’URSS, la Lituanie et la Pologne. Sa capitale, Königsberg, est alors renommée Kaliningrad, en référence à Mikhaïl Kalinine, un des collaborateurs de Staline. En 1991, quand le bloc soviétique éclate, la région se retrouve séparée du territoire principal de la Russie par deux frontières. Désormais, c’est une enclave russe au milieu de l’Europe de l’Est.
Les conflits qui agitent ce lieu encore aujourd’hui sont mis à nu. Tel un champ retourné, il expose un paysage irrégulier, dévoilant simultanément plusieurs couches de son histoire, où les vestiges de l’architecture prussienne et les attributs d’une ville soviétique type se côtoient dans un patchwork aux contrastes improbables. L’éloignement géographique du reste de le Russie, ainsi que son passé hanté par les sujets tabous ont provoqué un délaissement progressif de ce territoire à tous niveaux. Le paysage citadin et rural subissent le même sort, l’abandon.
Aujourd’hui Kaliningrad représente au sein de l’Europe une zone qui échappe à la règle, une anomalie, un tiers paysage. Immergé dans un état d’incertitude prolongée quant à son statut et à son devenir, ce territoire évolue suivant ses lois propres, dans l’absence de volonté commune. En l’espace de soixante-dix ans, la frontière dessinée sur une carte d’un territoire uni, s’ancre dans le paysage et devient une scission réelle qui délimite un autre type de civilisation. L’effet de serre qui s’est produit avec l’isolement de ce territoire par rapport à son milieu historique a favorisé l’émergence d’un environnement singulier : passée la frontière, nous avançons dans la réserve de la vieille Europe en friche.
Avec Andrei Erofeev, historien d’art de Moscou, nous avons cherché ensemble à comprendre ce phénomène. Il s’agissait pour nous de regarder le paysage de Kaliningrad comme le résultat d’un conflit persistant entre 7 discours – différents types de perception de ce même territoire, qui régissent la relation et le comportement de ses propres habitants. Le sujet nous a ainsi conduits vers une étude multivoque et protéiforme, impliquant notamment un travail d’archives, mais surtout une expérience du territoire réelle, le travail de terrain, nourri de déplacements, d’observations et de rencontres.
Mon projet de thèse, K, est issu de ce processus de réflexion et propose une forme de visualisation et d’interprétation plastique de cette recherche. La figure centrale y est celle du terrain vague, empreint successivement de la tentative de table rase du passé européen et du fiasco que connait ici le projet soviétique. C’est un lieu réel et en même temps métaphorique : le cœur de la capitale de la région et à la fois le modèle réduit de l’enclave de Kaliningrad.
Les images obtenues via diverses formes d’arpentage du territoire, tendent, d’une part, à en donner une vision d’ensemble, où l’on devine le paysage d’avant, désassemblé. D’autre part, le projet déploie 7 narrations parallèles, constituées d’images et de mots, dédiées au paysage d’après coup.
Le projet se partage en deux formes : l’édition et l’exposition, cette dernière étant composée à la fois d’œuvres conçues à partir de la matière documentaire collectée sur place et à distance et passée par un montage, ainsi que de documents bruts. Par ce montage d’éléments trouvés, j’ai essayé d’échapper à la chronologie historique pour proposer un récit qui s’articule autrement – par correspondances et analogies visuelles, par échos et répétitions intertemporelles, par anticipations et rattrapages. L’édition joue le rôle d’introduction sinon d’annexe de l’exposition, le projet se découvre ainsi en deux temps, intervertibles.
SACRe - Quentin Mornay (ENSBA)
Du manuscrit à la scène d’exposition. Portrait de Johann Woyzeck en arlequin.
Première inscription : 2014
Directeur de thèse : Guitemie Maldonado, HDR ENSBA
Encadrant artiste : Emmanuel Saulnier, sculpteur ENSBA
Discipline : Arts visuels
Date de soutenance : 1 juillet 2019
Composition du jury :
- Mme MALDONADO Guitemie (Enseignante Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts ENSBA) Directeur de thèse
- M. MARTIN François-René (Enseignant Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts ENSBA) Examinateur
- M. CITTON Yves (Professeur des universités, Université Paris VIII) Examinateur
- M. SAULNIER Emmanuel (Enseignant Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts ENSBA) Examinateur
- Mme DELBARD Nathalie (Professeur des universités, Université de Lille) Rapporteur
- M. RUFFEL Lionel (Professeur des universités, Université Paris VIII) Rapporteur
Bio / Résumé :
Je suis né en 1987 en Picardie. Après une année d’hypokhâgne, j’ai intégré l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris dont je suis sorti diplômé en 2012. J’ai étudié aux Etats-Unis à la San Francisco Art Institute. J’ai participé à plusieurs expositions, à la Galerie Diego Riviera à San Francisco, au Center for Photography à Los Angeles, au 104 à Paris ou encore au Conservatoire national supérieur de Musique et de Danse de Paris.
Dans l’exposition que j’intitulais le Quatrième mur, j’agençais des sculptures à un livre de photographies. Un montage alterné où la forme centrale était celle d’un retable fermé qui ne pouvait s’ouvrir que de l’intérieur. Autour de ce mystère s’organisait une scénographie qui prolongeait dans l’espace les photographies du livre. Cet accrochage s’est construit d’après un travail théorique où j’opérais un rapprochement entre le Lenz de Buchner et L’Entretien dans la montagne de Paul Celan. J’y étudiais ce que le collage de ces deux textes dit du langage poétique. Le lien qu’ils entretiennent avec leurs silences, et comment ce silence peut s’incarner? Ma démarche part toujours d’un montage. En sculpture, comme en photographie ou dans des installations, il s’agit de rassembler des choses d’une nature hétérogène autour d’une intuition, d’une sensation ou d’une idée plastique.
Je suis aujourd’hui doctorant dans le programme SACRe de PSL. Ma thèse s’intitule Woyzeck, une scène d’Europe ; sa direction est assurée par Alain Bonfand. Ce projet consiste en une investigation sur la généalogie des thèmes qui fondent le drame de Büchner et comment ceux-ci remontent à la surface de l’espace européen actuel. La colonne vertébrale de ma thèse est un film qui se divise en trois séquences. Chacune de ces séquences détermine un moment de production pour les trois années du programme. En parallèle à leurs réalisations un réseau de pièces, faisant appel entre autre à la photographie et à l’animation 3D, prend source dans la situation européenne actuelle. La production de ces éléments sera le moment d’un déplacement de la fiction du film vers une situation réelle.
Curriculum Vitae
né en 1987, vit et travaille à Paris
Expositions
Dépaysement, exposition des félicités des Beaux-Arts de Paris, 104, Paris, 2013
Barreleye, Conservatoire National de Musique et de Danse de Paris, Paris, 2012
Le quatrième mur, (exposition personnelle), ENSBA, Paris 2012
Emerging(1)6, Californian Creating Center for Photography, Los Angeles, 2011
Resign, (exposition personnelle), ENSBA, Paris, 2010
Les nuits de l’instants 2010, Frac Marseille, 2010
Diffraction, Galerie des Beaux-arts de Paris, 2009
Bourse/Mécénat
Mécénat Takasago, workshop Japon, 2010
Bourse Colin lefranc pour la San Francisco Art institute, 2011
Contrat doctoral du programme SACRe de Paris Science et Lettres, 2014
Diplômes
DNSAP, Ecole Nationale Supérieure des Beaux-arts de Paris avec les félicitations du jury à l’unanimité, 2012
DNAP, Ecole Nationale Supérieure des Beaux-arts de Paris, 2010
Formations
2014 Contrat doctoral, programe SACRe, Paris Science et Lettres, pour le projet de thèse Woyzeck, une scène d’europe, rattaché aux Beaux-Arts de Paris.
2007/2012 Ecole Nationale Supérieure des Beaux-arts de Paris, Atelier Emmanuel Saulnier.
2012 Mémoire sous la direction d’Alain Bonfand, Interstice et Silence, étude du Lenz de Buchner et de l’Entretien dans la montagne de Paul Celan.
2011 San Francisco Art Institute, département de photographie atelier de Henri Wessel
2006/2007 Hypokhâgne, Lycée Honoré de Balzac, Paris.
Publications
A paraître On Vanishing, Edition Loco
Dépaysement, catalogue de l’exposition au 104, Edition des Beaux-Arts.
Sacred and profaned in photography curating Linda connor, SFAI Edition, 2011.
Expériences professionnelles
2014, réalisation du film pour la mise en scène des Présidentes, de Werner Schwab par Yordan Goldwaseer, Théâtre 95, Cergy
2014, photographe, archivage du paysage en Pyrénées orientales, commande Centre d’aménagement urbain et environnemental 66
2012, Assistant mise en scène – Il primio omicidio, oratorio d’Alessandro Scarlatti mise en scène de Perrine Mornay, Abbaye de Royaumont, compagnie « mais encore pourquoi pas ».
2012, Assistant mise en scène – Hapax, d’après le Journal de Wiltord Gombrowiz mise en scène d’Olivier Boréel, Groupe Duende, Théâtre du Colombier, Bagnolet
2010- Assistant mise en scène, Détail de l’infamie, mise en scène Perrine Mornay, Anis Gras, Arcueil.
2006, Assistant à la création lumière, De L’autre côté du flot, D’après «Couple Passant» de Botho Strauss, mise en scène de Perrine Mornay, La générale en manufacture.
SACRe - Maddalena Napolitani (ENS)
Un curieux XIXème siècle. Les cabinets de curiosités entre révolution industrielle et révolution patrimoniale
Première inscription : 2014
Directeur de thèse : Dominique Poulot, PR Université Paris 1
Co-directeur de thèse : Nadeije Laneyrie-Dagen, PR, ENS
Discipline : Histoire de l’art
Bio / Résumé :
Mes études en histoire de l’art ont commencé en 2008 à l’Université de Pise, ma ville natale. Après la licence, j’ai poursuivi avec un Master en histoire de l’art (que j’ai terminé en juin 2014) au sein de l’Université de Paris 1. J’ai en même temps intégré l’ENS via le concours de la sélection internationale en 2012.
Ce qui m’a toujours intéressée, c’est la pratique de la collection, qui est propre de l’homme et qui le caractérise, ainsi que sa capacité de s’émerveiller devant l’art, et sa curiosité de connaître et d’explorer le monde autour de lui. Tout cela se cristallise à mon sens dans les cabinets de curiosité – ou Kunst– und Wunderkammern. Ces collections sont peut-être le meilleur exemple de cohabitation entre science et beaux-arts sous le même toit, et elles appartiennent à la Renaissance. Elles se présentent aujourd’hui à nos yeux, après une longue histoire, sous plusieurs formes changeantes.
La thèse que je commence cette année, intitulée: « Un curieux XIXe siècle : les enjeux des cabinets de curiosités entre Révolution industrielle et Révolution patrimoniale. Aperçus historiques et reconfigurations contemporaines » , est encadrée par M. Dominique Poulot, directeur aussi de mes recherches de Master 2.
Comme le titre le suggère, elle est constituée par deux volets principaux. Les « aperçus historiques » consistent en l’étude du moment de transition, entre le XVIIIe et le XIXe siècle, du modèle du cabinet de curiosité au musée scientifique moderne. Le deuxième volet, consacré aux « reconfigurations contemporaines », je pourrais le définir comme muséographique, ou mieux projectuel. Il se concentre sur l’analyse du potentiel des expériences artistiques contemporaines, qui ne cessent de s’inspirer de trésors hétéroclites des anciennes Kunst– und Wunderkammern. Depuis les années 1980 ces collections ont connu en effet une « Renaissance contemporaine » qui se traduit par des contributions savantes, des projets d’expositions et l’oeuvre de nombreux artistes. Un exemple parmi d’autres : la dernière Biennale de Venise (2013), intitulée Le palais encyclopédique. Ici réside ma volonté de relier la théorie à la pratique, tout en réfléchissant à des projets artistiques ou à des installations sur ce sujet, conçus pour des musées scientifiques.
Les hommes du XIXe siècle étaient-ils encore curieux, lors de la dilution des cabinets de curiosités dans les musées modernes ? Ces derniers conservent-ils des traces des composantes esthétiques et merveilleuses qui avaient caractérisé les premiers ? Quelle est la vraie raison de la « vogue curieuse contemporaine » ? Et enfin, peut-on imaginer aujourd’hui une réintégration d’objets scientifiques et « merveilleux », respectivement au sein des musées de Beaux-arts et de sciences ? Voici les questions que, en tant que curieuse, je me pose.
La formation SACRe est pour moi le cadre idéal pour investiguer les rapports que l’art entretien – depuis toujours, oserais-je dire – avec les sciences. Relation qui se révèle d’autant plus forte dans les pratiques artistiques contemporaines.
Un curieux XIXe siècle : les enjeux des cabinets de curiosités entre Révolution industrielle et Révolution patrimoniale.
Aperçus historiques et reconfigurations contemporaines.
Étudiés et promus par des historiens soucieux d’ouvrir des voies nouvelles1, les cabinets de curiosités ont connu depuis les années 1980 une vogue qui s’est traduite par des expositions, contributions savantes, et l’oeuvre d’artistes qui ont puisé leur inspiration dans les trésors mêlés des Kunst-und Wunderkammern2. L’origine de ces collections hétéroclites remonte à la Renaissance, et leur pérennité s’est affirmée jusqu’à la naissance des musées modernes. Aussi radicale qu’ait pu être la rupture méthodologique opérée par les musées « modernes » qui ont séparé, classé et groupé isolément ce qu’ils réunissaient, les cabinets de curiosité ont été à l’origine de ces dernières institutions.
L’époque sur laquelle j’entends centrer mon travail, le XIXe siècle, n’est pas seulement celle de la Révolution industrielle. C’est aussi celle où se produit la transition entre cabinets et musées. Comment s’est effectué le passage d’un état du collectionnisme à un autre ? Qu’est-ce qu’un « curieux », amateur du cabinet « de curiosité » au XVIIIe siècle, et comment devient-il le conservateur ou le visiteur du musée entendu au sens moderne ? Peut-on encore qualifier de « curieux » les hommes de la Révolution industrielle ? Et si oui, si des vestiges de l’ancienne curiosité et donc des mobiles qui avaient présidé à la réunion d’objets hétéroclites demeurent, alors, peut-on imaginer que le modèle du cabinet de curiosité ait influencé les collections scientifiques naissantes ?
Le point de départ de ce projet est l’histoire du musée de minéralogie de l’École des Mines de Paris – objet de mon Master 2. Il s’agit d’étudier dans une perspective comparatiste la collection minéralogique du musée parisien. Soit l’histoire d’une collection publique dont les débuts, vers 1800, procèdent d’un « cabinet naturaliste » dont la présentation à la fin du XVIIIe siècle en faisait une forme de continuation des chambres de merveilles. C’est à partir de cet exemple, augmenté d’une comparaison systématique avec d’autres cas européens – le Musée d’histoire naturelle de Vienne et le Musée d’histoire naturelle de l’Université de Florence en particulier –, que je souhaite mener ma thèse.
Il s’agit d’un travail d’histoire, avec pour problématique la quête de survivances plus ou moins durables, l’évaluation du rythme d’effacement, des composantes esthétiques et merveilleuses qui sont à l’origine de ces collections. Son ambition, finalement, peut être une proposition muséographique : la restitution permanente dans les collections visibles des musées d’une partie de ce patrimoine à la force de suggestion poétique actuelle considérable.
Il n’est pas tout à fait impossible, à notre sens, qu’on puisse associer à cette vogue « curieuse » contemporaine, mentionnée en début de ce texte, non seulement le goût pour les cabinets de curiosité, mais aussi celui pour les oeuvres d’art « brut » ou « premiers » qui caractérise les années actuelles.
La proposition envisagée au terme de cette étude de la dilution des « merveilles » dans des collections scientifiques, est leur possible réintroduction dans ces mêmes musées et, réciproquement, l’intégration d’objets de naturalia scientifiques au sein des musées des Beaux-arts. Cette étude sera elle-même en partie historique ou critique, portant sur ce qui a été exécuté récemment. Pratiquement, il s’agira d’explorer le potentiel des expériences contemporaines et d’imaginer des propositions (installations et projets artistiques liés aux collections) d’abord pour le Musée de Minéralogie de l’Ecole des Mines.
Sources et état de la recherche
Centrée sur le XIXe siècle, ma recherche ne pourra faire l’économie d’une réflexion sur la nature et surtout les motivations des études parues depuis trente ans sur les cabinets de curiosité. Pour le XVIIIe siècle, des études très complètes ont abordé les questions du statut de ces collections, et des usages qu’elles suscitèrent à l’époque des Lumières3.
D’autres publications ont reconstitué le contexte socio-politique du collectionnisme, et l’importance des sociabilités savantes dans l’élaboration de la notion de patrimoine4. Enfin, le collectionnisme scientifique au XIXe siècle a fait l’objet d’études qui mettent en évidence les relations de cette pratique avec les progrès techniques manifestés dans les Expositions universelles5.
Cette littérature experte s’accompagnera d’un travail sur les sources premières, en particulier les archives abondantes concernant les cabinets de curiosités eux-mêmes. Pour le Musée de l’École des Mines, une grande partie des documents a été publiée par Isabelle Laboulais dans une monographie, La Maison des Mines6. Le fond AA-01 des Archives de la Monnaie atteste des débuts de l’histoire de l’École et de sa collection, ainsi que les fonds F21 et F14 des Archives Nationales, et les catalogues conservés dans le musée. Cette recherche archivistique, ainsi que la méthodologie, seront les mêmes pour les deux institutions, viennoise et florentine, que j’ai mentionnées.
1 Cf. Julius von Schlosser, Les cabinets d’art et des merveilles de la Renaissance tardive, Paris, Macula, 2012, [1908] ; Adalgisa Lugli, Naturalia et mirabilia. Les cabinets de curiosités en Europe, Paris, Société Nouvelle Adam Biro, 1998 [1983] ; Krzystof Pomian, Collectionneurs, amateurs et curieux. Paris-Venise : XVIe-XVIIe, Paris, Gallimard, 1987 ; Antoine Schnapper, Le géant la licorne et la tulipe. Les cabinets de curiosités en France au XVIIe siècle, Paris, Flammarion, 2012
[1988] ; Horst Bredekamp, Machines et cabinets de curiosités, Paris, Diderot, 1996 [1993] ; Patricia Falguières, Les chambres des merveilles, Paris, Bayard, 2003
2 Ainsi la Biennale de Venise de 1986, intitulée Wunderkammer, à l’initiative d’Adalgisa Lugli ; celle de Jean-Hubert Martin de la constitution de la collection permanente d’oeuvres contemporaines Curios et Mirabilia au Château d’Oiron ; ou encore aux créations d’artistes telles que les Misfits de Thomas Grünfeld ou les Cabinets of Curiosities de Mark Dion.
3 Bertrand Daugeron, Collections Naturalistes entre sciences et empire, Paris, Muséum d’histoire naturelle, 2009 ; Pierre-Yves Lacour, La République naturaliste. Les collections françaises d’histoire naturelle sous la Révolution, 1789-1804, thèse de doctorat de l’Institut Universitaire Européen, sous la direction d’Antonella Romano 2010 ; Manuel Charpy, Le théâtre des objets. Espaces privés, culture matérielle et identité sociales. Paris, 1830-1914, thèse de doctorat de l’Université F. Rabelais de Tours, sous la direction de Jean-Luc Pinol, 2010.
4 Bruno Belhoste, Paris savant. Parcours et rencontres au temps des Lumières, Paris, Armand Colin, 2011; Soraya Boudia, Anne Ramussen et Sébastien Soubrian, éd., Patrimoine et communautés savants, Rennes, PUR, 2009; ou encore, Chaterine Ballé, Catherine Cuenca, Daniel Thoulouze, éd., Patrimoine scientifique et technique. Un projet contemporain, Paris, La Documentation française, 2010 ; Poulot, Dominique, Patrimoine et musées : l’institution de la culture, Paris, Hachette, 2001 ou Une histoire du patrimoine en Occident, XVIIIe-XXIe siècle, Paris, Presses Universitaire de France, 2006.
5 Anne-Laure Carré, Marie-Sophie Corcy, Christiane Demeulenaere-Douyère, Liliane Hilaire-Pérez, dir., Les Expositions universelles à Paris au XIXe siècle. Techniques, publics, patrimoines, Paris, CNRS, coll. Alpha, 2012; Des cabinets de curiosités aux musées d’arts et métiers : collectionner des objets techniques (XVIe-XXe siècle), ce titre est provisoire, et les actes du colloque, en 2011, sont à paraître, sous la direction de Ana Cardoso de Matos, Christiane Demeulenaere-Douyère et Irina Gouzévitch.
6 Isabelle Laboulais, La Maison des Mines, Rennes, PUR, 2012. Même auteur : «Exposer les collections de minéraux: les choix de l’École des Mines entre la fin de l’ancien régime et la restauration », Arche, 2013, n.2, pp. 61-80.
SACRe - Ekaterina Odé (ENS)
La voix sans phénomène : vers une archéologie de la voix acousmatique au cinéma
Première inscription : 2014
Directeur de thèse : Antoine De Baecque, ENS
Discipline : Philosophie
SACRe - Emile De Visscher (ENSAD)
Manufactures Technophaniques
Première inscription : 2014
Directeur de thèse : Samuel Bianchini, ENSAD
Co-directeur de thèse : Roger Malina
Encadrant artiste : Emanuele Quinz
Discipline : SACRe, Design
Date de soutenance : 26 Novembre 2018
Composition du jury :
- Samuel BIANCHINI (Maître de conférences EnsAD) Directeur de thèse
- Yves WINKIN (Professeur des universités Conservatoire National des Arts et Métiers) Président
- Hughes LYNN (Associate professor Université Concordia) Rapporteur
- Houdart SOPHIE (Directeur de recherche CNRS (LESC) – UMR 7186) Rapporteur
- Roger MALINA (Professeur Université du Texas à Dallas) CoDirecteur de thèse
- Emanuele QUINZ (Maître de conférences Université Paris 8) Examinateur
- Patrick RENAUD (Enseignant EnsAD) Examinateur
Résumé :
Sous-titre : Une recherche par le design pour explorer les liens entre régimes technique, esthétique et symbolique dans les procédés de fabrication, stimulant une compréhension et participation collective.
Problématique :
Dans un contexte d’urgence écologique qui requiert de reconsidérer les impacts de la production matérielle, comment élaborer des outils de fabrication capables d’intéresser et de mobiliser des individus et des collectifs afin de constituer des publics alors parties prenantes de nouvelles formes de manufactures ?
Hypothèse :
Au-delà des outils de fabrication à échelle locale, accessibles et ouverts qui se développent actuellement dans le champ du design, il est possible d’inventer et de partager des manufactures technophaniques, qui articulent le processus technique, le régime symbolique et l’expérience sensible, afin d’enrôler des individus et des collectifs dans la transformation de nos modes de production et de consommation.
Face à l’urgence écologique et la domination d’un système industriel nous rendant consommateurs d’objets dont nous ne maîtrisons ni ne connaissons les provenances et les conséquences, autrement dit les écologies, se pose la question de la compréhension et de l’accès à la technique pour une “response-abilisation” commune. C’est en ce sens qu’une série de mouvements récents se sont développés autour de l’invention d’outils de production ouverts, locaux, visibles et appréhendables, motivés par une volonté de démocratisation et de partage. Mais, malgré la portée et l’importance de ces initiatives, elles sont souvent présentées et traitées comme de simples moyens alternatifs, alors que réside dans cette socialisation de la mise en œuvre des opportunités de transformations fondamentales du rapport à la technique. Dans cette thèse, est proposé d’explorer les conditions d’invention, de développement et de partage de procédés techniques impliquant la pleine prise en compte de leurs régimes esthétiques et symboliques. Cette technicité sensible inscrite dans un réseau de significations culturelles, qualifiée de technophanie par Simondon en miroir à la hiérophanie d’Eliade, permet de puiser dans des imaginaires communs pour intéresser des collectifs et en fournir les clés de problématisation. Réintégrant le geste dans le processus de production, ces “manufactures technophaniques” nous sortent de l’inéluctabilité du progrès technique froid et distant, elles cherchent à nous faire “aimer les techniques à nouveau” pour devenir choses publiques, “res publica”, c’est-à-dire objets capables de fédérer des collectifs concernés par leurs pratiques. L’invention de tels procédés, liant régimes techniques, symboliques, esthétiques, scientifiques, écologiques et pratiques, nécessite une approche propre au design. Il s’agit de rendre appréhendables, au sens perceptif et physique du terme, des réalités habituellement inaccessibles.
Bio :
Ingénieur diplômé de l’Université de Technologie de Compiègne et designer diplômé du Royal College of Art de Londres, j’ai participé à de la recherche appliquée au sein de grands groupes, mais aussi travaillé pour des designers indépendants. Par la suite j’ai combiné ces deux pratiques en m’attelant à considérer l’outil de production comme un objet de design en soi. J’ai développé plusieurs projets autour de procédés de fabrication innovants qui m’ont permis de gagner un certain nombre de prix (James Dyson Bursary 2012, Innovation Hothouse 2012, Innovation RCA 2013) et d’exposer en Angleterre (V&A Museum, Wired, Frameless Gallery, festival des Sciences d’Edimbourg, Maker Fair Newcastle) en Italie (Milan Salone del Mobile 2012 et 2013) en France (Espace Fondation EDF, 104, Carreau du Temple, Galerie Bensimon, Meet My Project) ou encore aux Pays-Bas (Dutch Design Week, Het Nieuwe Instituut).
LA MANUFACTURE DU QUOTIDIEN POUR DE NOUVEAUX MOYENS DE FABRICATION URBAINS
Alors que le terme de Troisième Révolution Industrielle est de plus en plus usité, que des laboratoires de fabrications ouvrent chaque jours sur l’ensemble du territoire urbain occidental, que le partage de connaissances autour des machines de prototypage se développent, il reste un pas important à faire pour que nos modes de vies soient réellement impactés et qu’une transformation s’opère. FabLabs, Hacker Space et ateliers collaboratifs possèdent des outils qui ne sont pas encore adaptés à une fabrication significative, les objets produits prennent la forme de prototypes mais ne sont pas utilisables au quotidien, ils proviennent tous de matériaux à base fossiles (ABS, MDF) ou vierges (PLA), et les systèmes de conceptions sont encore complexes et peu maîtrisés.
Ma thèse s’inscrit dans cet élan, et souhaite participer à développer des outils de production qui correspondent aux besoins, aux ressources (matérielles et immatérielles, telles que les savoir-faire) et aux contraintes de nos espaces de vies. L’objectif est donc non seulement de fournir des outils de production qui correspondent à des usages et des contextes urbains, mais, puisque ces outils prennent place dans un contexte de vie, de traiter ces outils comme objets d’attachement, de compréhension : ils doivent donc être mis en forme, designés. La création de cette dualité, entre fonctionnalité et valeur culturelle, correspond au terme défini par Gilbert Simondon : la technophanie, «objet médiateur entre culture et technique».
En abordant 3 espaces distincts, l’objectif de ma thèse est de développer 3 propositions de machines technophanes :
1. SYSTEME DE PRODUCTION A L’ESPACE DU QUARTIER : POLYFLOSS
Polyfloss est une machine de recyclage de plastique à petite échelle qui utilise le principe de la barbapapa pour transformer les déchets de Polypropylene en laine, qui peut ensuite être utilisée pour de l’isolation ou du rembourage, peut aussi être filée pour réaliser des textiles, ou encore fondue pour de l’emballage et des objets du quotidien. Ce projet est développé avec Christophe Machet, Audrey Gaulard et Nick Paget.
2. SYSTEME DE PRODUCTION DESTINE A L’ESPACE PRIVE : PEARLING
Pearling est une machine de production de perles artificielles possédant la même structure et le même aspect que les perles naturelles. Copié sur le principe de l’huitre, ce procédé est extrêmement lent, et pose donc la question du rapport au temps et à la valeur au sein de nos modes de production et de consommation.
3. SYSTEME DE PRODUCTION DESTINE A L’ESPACE PUBLIC
Ce troisième volet devra être défini au cours de la recherche.
SACRe - Sacha Todorov (CNSAD)
Pour un théâtre carnavalesque
Première inscription : 2015
Directeur de thèse : Christian Biet, PR Paris 10
Co-directeur de thèse : Yann-Joël Collin
Discipline : Mise en scène
Bio / Résumé :
Que pratiques du carnaval et pratiques du théâtre se soient mutuellement nourries en Europe depuis l’Antiquité, il n’y a guère lieu d’en douter ; l’objet de cette recherche est d’aborder cette relation sous un nouvel angle, en se demandant sous quelles formes et dans quelles conditions un évènement théâtral aujourd’hui peut être considéré comme carnavalesque. Tout dépend bien sûr du sens que l’on attribue à ce mot : on peut poser d’emblée qu’il s’agit moins du rapport avec un quelconque folklore que d’effets, avérés ou souhaités, sur les participants ; ou de fonctions, attribuées traditionnellement au carnaval et qui se trouveraient alors déplacées.
Si l’on appelle « carnavalesque » tout moment ou évènement caractérisé par des pratiques d’inversions (des hiérarchies, des sexes), de transgressions (sociales, morales), de détournements (d’objets, de mots), de dépenses inutiles (de nourriture, d’énergie) ou de destructions (réelles ou symboliques), on peut formuler l’hypothèse que le carnavalesque en France de nos jours se loge moins dans les pratiques subsistantes de carnaval que dans certaines pratiques artistiques — et notamment au théâtre. Il faut alors examiner les implications théoriques d’une telle hypothèse — par exemple la question de l’utilité, intime ou sociale, de tels moments carnavalesques (catharsis ? exorcisme ? soupape de sûreté ?) ; voire celle de l’existence d’une éventuelle « pulsion carnavalesque », individuelle ou collective, dont les voies d’expression varieraient suivant les époques mais qui serait immarcescible —, mais aussi interroger et pratiquer les différentes ressources dont dispose le dispositif théâtral pour renouveler de la sorte son sens et ses effets.
Sur le modèle de metteurs en scène comme Peter Brook, Jerzy Grotowski ou Eugenio Barba, qui ont su combiner recherche théorique, études de terrain et création artistique, il s’agirait donc d’allier recherche sur l’histoire et l’anthropologie du carnaval et études de formes carnavalesques contemporaines (au sens large) pour nourrir une création théâtrale au long cours qui expérimenterait différentes façons d’être carnavalesque ; création fondée sur des principes d’écriture de plateau, et espérant faire la part belle à l’improvisation, à la pulsion, à la folie.
SACRe - Nicolas Mondon (CNSMDP)
Éléments structurels de la musique de gamelan comme enrichissement et renouvellement de procédés de composition
Première inscription : 2015
Directeur de thèse : Martin Kaltenecker, MC HDR Paris 7
Encadrant artiste : Gérard Pesson, compositeur, CNSMDP
Discipline : Composition musicale
Bio / Résumé :
Ce travail de recherche s’appuie sur une analyse théorique et pratique de la musique de gamelan javanais comme confrontation à mes propres outils de composition, comme point de fuite pour ma réflexion. J’espère que la possible abstraction de la pensée musicale javanaise pourra donner lieu à de nouvelles expérimentations, de nouveaux outils de composition, qui trouveront leur réalisation dans plusieurs pièces pour petits et grands ensembles, éventuellement, comme dans la tradition indonésienne, liées à une performance dansée ou de théâtre.
Le doctorat SACRe est un moyen de canaliser une recherche à un moment donné, et de lui donner une forme écrite. Mon travail habituel a toujours pris une forme similaire à celle d’une recherche, mais sans les contraintes de présentation ou de cohérence de cette recherche autre que la composition de la pièce pour laquelle je fais cette recherche. La contrainte du cadre lui donne ici une forme et une expression un peu différentes qui m’engage à être plus exigeant et à porter mon attention à d’autres dimensions, moins évidentes, de la création.
Retrouvez les actualités de Nicolas Mondon en cliquant ici.
Nicolas Mondon, compositeur, Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris (Cnsmdp)
SACRe - Victor de Seauve (ENS)
A l’origine des couleurs des images photochromatiques d’Edmond Becquerel : Étude par spectroscopies et microscopies électroniques
Première inscription : 2015
Directeur de thèse : Bertrand Lavédrine, PR MNHN
Co-directeur de thèse : Marie-Angélique Languille, IGR, CRC (USR 3224)
Encadrant artiste : Eric Poitevin
Discipline : SACRE, Epistémologie, histoire des sciences et des techniques
Date de soutenance : 21 décembre 2018
Composition du jury :
- Bertrand LAVéDRINE (Professeur des universités Centre de recherche sur la conservation – USR3224 MNHN-MCC-CNRS) Directeur de thèse
- Marie-Angélique LANGUILLE (Ingénieur de recherche Centre de recherche sur la conservation – USR3224 MNHN-MCC-CNRS) CoDirecteur de thèse
- Ina REICHE (Directeur de recherche Institut de recherche de Chimie Paris – UMR 8247 CNRS-ENSCP, PSL) Examinateur
- Austin NEVIN (Chercheur Istituto di Fotonica e Nanotecnologie – CNR) Examinateur
- Jacqueline BELLONI (Directeur de recherche émérite Laboratoire de Chimie Physique – UMR8000 CNRS-Université Paris-Sud) Examinateur
- Eric POITEVIN (Professeur École nationale supérieure des beaux-arts) Examinateur
- Valérie BRIOIS (Directeur de recherche Synchrotron SOLEIL) Rapporteur
- Odile STéPHAN (Professeur des universités Laboratoire de Physique des Solides – CNRS UMR8502, Univ. Paris Sud) Rapporteur
Résumé :
Les premières photographies couleurs produites par Edmond Becquerel au Muséum d’Histoire Naturelle en 1848 ont suscité un débat scientifique intense tout au long du XIXème siècle. La question de l’origine des couleurs de ces photographies a vu s’affronter les partisans d’une hypothèse pigmentaire et ceux d’une hypothèse interférentielle. Au cours du XXème siècle, cette question n’a pas été définitivement tranchée. Ce travail doctoral se propose d’appréhender la nature de ces images – dites « photochromatiques » – par une approche expérimentale. Nous nous sommes dans un premier temps intéressés aux étapes de sensibilisation du plaqué argent et d’exposition de la surface sensible aux rayonnements visibles, dans le but de répliquer le procédé Becquerel et de comprendre la photosensibilité de ces images. Les propriétés optiques des couches sensibles et colorées ont été caractérisées en spectroscopie UV-visible et mises en relation avec leurs compositions chimiques (déterminées en XAS) et leurs morphologies, de l’échelle micro à nanométrique (étudiées en SEM et TEM). La grande sensibilité des échantillons aux faisceaux photoniques (UV-visible et rayons X) et électroniques a imposé un développement méthodologique afin de comprendre et de limiter les effets de sonde. Les résultats de cette caractérisation permettent de réfuter l’hypothèse de phénomènes interférentiels comme origine des couleurs des images photochromatiques, hypothèse qui prévaut dans la littérature depuis la fin du XIXème siècle. Les couches sensibles et colorées sont constituées de grains de chlorure d’argent micrométriques décorés de nanoparticules d’argent. De surcroît, ces nanoparticules d’argent, que nous avons étudiées en EELS low loss, sont responsables de l’absorption dans le visible des couches sensibles et colorées par résonnance de plasmons de surface. Ceci nous conduit à proposer une origine plasmonique aux couleurs des images photochromatiques, hypothèse discutée dans ce manuscrit.
Bio / Résumé :
Certains matériaux photographiques anciens restent à ce jour mal connus : il en est ainsi des premières photographies couleurs produites par Edmond Becquerel à partir de 1848, dont le procédé a plus tard été perfectionné par Abel Nièpce de Saint-Victor. Ces images photochromatiques apparaissant sur une surface sensible composée de chlorure d’argent ont suscité l’intérêt de plusieurs scientifiques au 19ème siècle qui débattaient de la nature des couleurs de ces images. Depuis quelques années, deux équipes de recherche, dont le Centre de Recherche sur la Conservation des Collections, s’intéressent de nouveau à l’origine de ces couleurs qui n’est pas complètement établie et pose encore questions.
Projection du spectre visible sur un échantillon sensible : un prisme est utilisé pour disperser la lumière d’une source de laboratoire. (© Victor de Seauve)
L’objectif de cette thèse est de comprendre l’origine des couleurs de ces images. Pour cela, plusieurs approches sont envisagées : d’une part, la caractérisation physico-chimique d’images réalisées en laboratoire ; d’autre part, la modélisation optique des phénomènes colorés ; enfin, la perception des couleurs des images photochromatiques sera étudiée.
SACRe - Chloé Lavalette (ENS)
Nudité, émancipation, pudeur. Nouveaux enjeux et réceptions de la nudité sur les scènes contemporaines (1990-2016)
Première inscription : 2015
Directeur de thèse : Christophe Bident, PR U. Amiens
Discipline : Etudes Théâtrales
SACRe - Ida Soulard (ENS)
Une histoire textile de la modernité : Anni Albers et les ateliers textiles, du Bauhaus au Black Mountain College (1923 – 1965)
Première inscription : 2015
Directeur de thèse : Nadeije Laneyrie-Dagen, PR, ENS
Co-directeur de thèse : Guitemie Maldonado, ENSBA
Discipline : Histoire de l’art
SACRe - Katia Sowels (ENS)
Les objets surréalistes : matériaux ordinaires et périssables, objets détournés et déroutants. Une étude matérielle d’histoire et de trajectoires des objets fabriqués et « naturels » dans le mouvement surréaliste des années 1930 aux années 1960.
Première inscription : 2015
Directeur de thèse : Philippe Dagen, PR Paris I
Co-directeur de thèse : Thierry Lalot, Paris I
Encadrant artiste : Pascale-Martine Tayou
Discipline : Histoire de l’art
Bio / Résumé :
Historienne de l’art avec une formation en biologie, SACRe est un environnement innovant qui m’offre la liberté et les moyens d’expérimenter de nouvelles méthodologies de recherche au-delà des frontières disciplinaires. C’est surtout l’occasion de faire évoluer mon travail au sein d’une communauté de chercheurs aux profils riches et atypiques qui, ensemble, bousculent les connaissances, les certitudes et les conditions de la création artistique.
Ma thèse porte sur les objets surréalistes, des constructions inclassables faites d’objets quotidiens et de trouvailles naturelles. Elle fait appel à l’histoire de l’art mais aussi aux sciences naturelles, à la littérature, à l’ethnographie et à la conservation-restauration. La convergence de ces savoirs est possible grâce à un encadrement ancré dans différents laboratoires de PSL. Grâce à SACRe, je peux collaborer de manière étroite avec des artistes, dans leurs ateliers, ce qui me permet de renouveler mon regard sur ces œuvres, introduit au cœur des processus créatifs.
Katia Sowels, historienne de l’art, ENS
SACRe - Jeanne Vicerial (ENSAD)
Clinique Vestimentaire
Première inscription : 2015
Directeur de thèse : Jean-François Bassereau, PR ENSAM
Co-directeur de thèse : Aurelie Mossé, Chercheure-Designer ENSAD
Discipline : SACRe, Design
SACRe - Pierre Michelon (ENSBA)
Les déportations politiques au sein de l’empire colonial français. Des récits, des archives et des voix pour dessiner une carte cinématographique de la décolonisation, telle qu’elle n’a pas pu être, telle qu’elle n’est pas encore.
Première inscription : 2015
Directeur de thèse : Emmanuelle Cherel, ENSBA Nantes
Encadrant artiste : Mathieu Kleyebe Abonnenc
Discipline : Arts visuels
Date de soutenance : 28 juin 2019
Composition du jury :
- Mme CHEREL Emmanuelle (Enseignante HDR Ecole des Beaux-Arts de Nantes Saint-Nazaire) Directeur de thèse
- M. VIART Christophe (Professeur Paris 1) Rapporteur
- M. ABONNENC Mathieu Kleyebe (Artiste Indépendant) Examinateur
- Mme VOIGNIER Marie (Artiste Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Lyon) Examinateur
- Mme LAFONT Anne (Directeur d’études CRAL, EHESS) Examinateur
- Mme VERGÈS Françoise (Politologue Collège d’études mondiales) Rapporteur
- M. ARTIÈRES Philippe (Directeur de recherche IIAC, EHESS) Examinateur
- Mme STOLER Ann Laura (Professor The New School for Social Research – NY) Examinateur
Bio / Résumé :
De Guyane française, de Kanaky, d’Algérie ou de France des voix s’élèvent, celles des condamné.e.s politiques déporté.e.s par la puissance coloniale face à laquelle ils ou elles tentaient de faire front. Une histoire méconnue se dévoile et se construit : elle mêle des espaces géographiques et des destins multiples ; des idéologies et des contextes de luttes qui se rencontrent, s’associent ou s’opposent ; des correspondances clandestines, acheminées ou non ; des « travaux » forcés, des évasions ou des disparitions. C’est un passé commun, un passé traduit et pluriel. C’est écrire ou parler l’histoire de la violence. C’est le dessus-dessous des paysages, c’est le cri des archives, le cri des anticolonialistes et des morceaux de bois.
Notre fable se construira avec celles et ceux qui se souviennent. Quelques enfants de condamné.e.s, quand ils le peuvent, quand ils le veulent, évoquent la mémoire de leurs parents déportés ; d’autres militant.e.s parlent de leurs luttes au présent de l’indicatif, depuis la « postcolonie », depuis « l’outre-mer ». Cette fable serait le montage d’un film inachevable, ce serait un film qui prononcerait — conditionnel — une histoire des décolonisations, telles qu’elles n’ont pas pu être, telles qu’elles ne sont pas encore.
SACRe - Davide Cascio (ENSBA)
Acéphale (La construction de l’œuvre, son squelette et son échafaudage)
Première inscription : 2015
Directeur de thèse : Pierre Alferi, HDR, ENSBA
Encadrant artiste : Julien Sirjacq
Discipline : Arts visuels
Date de soutenance : 8 mars 2019
Composition du jury :
- M. ALFERI Pierre (Professeur Beaux-Arts Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts) Directeur de thèse
- Mme DE SMET Catherine (Maître de conférences Paris 8) Rapporteur
- Mme LERM HAYES Christa-Maria (Professor UvA Universitait van Amsterdam) Président
- M. SCHEFER Olivier (Professeur des universités Université Paris I) Examinateur
- Mme KHEMIR Mounira (Paris 8) Invité
- M. SIRJACQ Julien (ENSBA) Invité
Résumé :
PAGE LIMINAIRE
Topique.
– Le trois gendres : nomade, sédentaire, utopique – La forme cubique et la tente : ka’aba e temple juif –La forme creuse, contentent et contenu – Contenir et transporter le vide – La pierre noire et Tony Smith (1912-1980).
La construction de l’œuvre, son squelette et son échafaudage:
Origine – mythe fondateur – Le tissage comme le premier acte du bâtir (Gottfried Semper,1803-1879).
L’exemple de la Kaaba et du temple Juif.
Trois typologies architecturales: architecture nomade, architecture sédentaire et architecture utopique.
Topique. L’expérience d’un monument sans mémoire (l’anti-monument)
Destruction (dé-construction) :
Le monument aveugle de Junipero Serra – Le Pasquino (la langue du palimpseste) – Le bras du Laocoon (la partie mise a part) – Richard Serra et l’espace publique (destruction du monument et monument).
Topique.
Absence:
– Carré noir et «white cube»
– Un objet qui parle de la perte, la destruction, la disparition des objets – Qu’est – ce qu’un volume porteur, montreur de vide? Comment montrer un vide? Et comment faire de cet acte une forme?
Topique.
Clé de lecture:
– Révéler (et cacher), contenir (volume porteur) – Clé : objet double, qui cache et qui révèle – L’œuvre livrée avec sa clé de lecture.
– James Joyce – Finnegans wake – Afin d’aider à la compréhension de la structure interne de son Ulysse, James Joyce écrivit un «schéma» servant de « résumé-clé-squelette » à son œuvre.
Topique.
Reconstruction :
le fragment et l’acte de tresser/tisser comme modèle de la pensée. « Making is thinking ». La société européenne a été marquée par une division croissante entre la fabrication manuelle (making) et la pensée qui remonte à la révolution industrielle.
SACRe - Jean-François Leroy (ENSBA)
Élaborer l’unique à partir du même
Première inscription : 2015
Directeur de thèse : Guitemie Maldonado, HDR ENSBA
Encadrant artiste : Jacques Julien
Discipline : Arts visuels
Date de soutenance : 17 avril 2019
Composition du jury :
- Mme MALDONADO Guitemie (Enseignante Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts) Directeur de thèse
- M. DUFRÊNE Thierry (Professeur des universités Université Paris Nanterre) Rapporteur
- Mme JEUDY-BALLINI Monique (Directeur de recherche CNRS – EHESS) Examinateur
- M. JULIEN Jacques (Artiste/enseignant ENSA Paris la Villette) CoDirecteur de thèse
- M. PIERRE Arnauld (Professeur Université Paris-Sorbonne Paris IV) Rapporteur
- M. KUSNIR Carlos (Artiste Indépendant) Examinateur
Résumé :
L’expérience de l’atelier est à voir comme le démembrement d’une pratique quotidienne d’un espace. Les gestes comme les formes sont tous issus d’une expérimentation en terme de logique de matérialité de l’objet. C’est à dire qu’il n’y a pas d’illusionnisme, ni d’effet, je procède par déduction selon ce qu’impose le matériau.
En partant d’une forme ou d’un matériau générique, j’opère une succession de manipulations et de gestes simples qui amènent un second degré de lecture. Mon travail peut être décrit par le réel auquel il se réfère et dans le même temps échappe à cette description par les déplacements effectués. Assimilant la couleur à un matériau, je tente toujours d’articuler la peinture à la sculpture en étirant le rapport Forme/Fonction au rapport Forme/Fonction/Forme.
Les objets que j’utilise transitent par trois lieux avant leur réalisation finale. L’appartement dans lequel je vis, l’atelier dans lequel je travaille. L’espace d’exposition dans lequel je compose.
SACRe - Mélanie Pavy (La Fémis)
Conquêtes et Nostalgies : une archéologie imaginaire de la future ville d’Omega
Première inscription : 2015
Directeur de thèse : Sophie Houdart, CNRS, LESC (Paris X Nanterre)
Co-directeur de thèse : Antoine De Baecque, ENS
Encadrant artiste : Christian Merlhot
Discipline : Cinéma
Bio / Résumé :
Entre début et fin du monde humain, conquête de territoires et nostalgie du pays natal, je propose des hypothèses filmées et holographiques de ce que pourraient être les racines et les ramifications d’un projet réel à venir, celui de la construction d’une ville japonaise dans le sud de l’Inde. Comme s’il s’agissait de collecter les traces d’une archéologie du futur ou, pour reprendre les mots d’Heidegger, comme s’il s’agissait de donner forme à une « pensée qui se souvient de ce qui vient ».
Le doctorat SACRe correspond parfaitement à un double désir de ma part. D’un côté, le désir d’aborder ce projet avec le temps de la recherche et de l’expérimentation, hors des contraintes de la production cinématographique classique. Et de l’autre, le désir de l’inscrire dans la continuité de mon travail de réalisatrice, en proposant une recherche dont la forme soit cinématographique.
SACRe - Laurence Ayi (CNSAD)
Le rituel de l’habillage comme mécanisme de transition du vêtement au costume. Dire que ce rituel est un acte de théâtre performatif duquel naît l’objet-costume, art visuel-vivant.
Première inscription : 2016
Directeur de thèse : Jean-Loup Rivière, PR, ENS Lyon
SACRe - Chloé Galibert-Laîné (ENS)
Les souvenirs de films
Première inscription : 2016
Directeur de thèse : Jérôme Sackur, EHESS, ENS Paris
Co-Directeur de thèse : Dork Zabunyan, Paris VIII
SACRe - Clémence Hallé (ENS)
L’imaginaire écologique : histoires d’Anthropocène
Première inscription : 2016
Directeur de thèse : Nadeije Laneyrie-Dagen, PR ENS Ulm
Co-directeur de thèse : Grégory Quenet, PR UVSQ
Encadrant artiste : Johanne Lamoureux, DIR INHA-PR UdeM
Bio / Résumé :
Prenant à revers l’« innocence archaïque » de la Nature dépeinte dans le Rêve du Douanier-Rousseau, je souhaite répondre à mon tour à l’appel de l’Anthropocène, soit la nécessité de « re-figurer le globe » ; puiser conjointement dans les ressources de l’histoire environnementale et de l’histoire des arts, tout en m’inspirant des paramètres méthodologiques de l’enquête. Je cherche d’autres rêves que les « nôtres » pour raconter des récits qui représentent la complexité de la faille géologique qui « nous » menace ; à formuler l’hypothèse qu’il existe des imaginaires plus écologiques que d’autres, tout en prenant soin de ne pas catégoriser trop vite des mondes pluriels au nom de l’universel, de la rationalité, de la catastrophe ou pire, de l’urgence.
Mon terrain de recherches initial sera littéraire. Je souhaiterais toutefois me démarquer dès à présent de la notion émergente d’éco-poétique initiée en France ou de l’éco-critique traditionnelle nord-américaine. Je fais partie de ceux, qui, comme mon directeur de thèse Grégory Quenet de l’Université de Versailles, souhaitent penser après la fin du dualisme Nature/Culture. De façon presque contre-intuitive, je lirais davantage d’« écologie » dans le rapport que le narrateur de Maupassant entretien avec Le Horla, qu’au sein du naturalisme classique. La définition des limites est d’ailleurs l’une des questions que l’on retrouve au croisement de l’histoire environnementale et de l’histoire des arts. Ma directrice de cotutelle avec l’Université de Montréal, Johanne Lamoureux, s’interroge aussi sur les limites de la nature, se demandant à partir de quand un évènement vaut-il la peine d’être conservé, à partir de quand fait-il assez « évènement » pour que lui soit érigé un monument, tandis que Nadeije Laneyrie-Dagen de l’ENS se demande quand est-ce que la Nature a-t-elle été inventée. Il s’agira donc pour moi de collecter un inventaire des œuvres qui viendront tracer les limites de ma recherche, limites vouées, évidemment, à être transgressées plus tard. Du texte à sa performance, de l’oeuvre à l’exposition, quel que soit le corpus, je ne suis animée, finalement, que par une seule question : si les narratives modernes implosent ou éclatent devant l’Anthropocène, comment raconter d’autres histoires ?
SACRe - Kenza Jernite (ENS)
La peinture sur scène: image, matière, tableau
Première inscription : 2016
Directeur de thèse : Christophe Triau, Paris 10
Co-directeur de thèse : Nadeije Laneyrie-Dagen, ENS Ulm
SACRe - Julie Brugier (ENSAD)
La subsistance dans la construction d’une culture vernaculaire de l’écologie.Une recherche par le projet, initiant une définition formelle, technique, et symbolique des nouvelles pratiques alternatives de résilience urbaine.
Première inscription : 2016
Directeur de thèse : Samuel Bianchini, HDR ENSAD
Co-directeur de thèse : Emanuele Quinz, MC Paris 8 – Claire Brunet, MC ENS CACHAN
SACRe - Benoît Pype (ENSAD)
La perception lente : pour une esthétique de la décélération
Première inscription : 2016
Directeur de thèse : David Quéré, DR CNRS ESPCI
Encadrants artistes : Serge Verny – Marc Thébault
SACRe - Alice Lescanne (ENSBA)
Puissance occulte des outils d’écriture
Première inscription : 2016
Directeur de thèse : Wictor Stoczkowski, DE EHESS
Bio :
Je m’appelle Alice Lescanne et je travaille en duo avec Sonia Derzypolski. Nous nous sommes rencontrées durant nos études à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris, où nous avons formé notre groupuscule. Nous travaillons désormais sous le nom d’ aalliicceelleessccaannnnee&ssoonniiaaddeerrzzyyppoollsskkii.
Nous sommes à cheval entre sur les arts visuels et les arts vivants. Nous prenons au pied de la lettre cette expression, ce qui nous amène à considérer que les arts visuels et les arts vivants font partie du même animal. Et quel animal ! Le cheval, c’est une Rolls Royce.
D’ailleurs, il n’y a pas de hasard si initialement, au 19ème siècle, le terme de « performance » était utilisé dans les haras pour désigner la manière de courir d’un cheval, de se comporter pendant la course.
Le choix d’orienter notre travail vers les formes performatives est lié à notre volonté de partager les passions qui nous animent, en misant sur une transmission orale : nous nous sentons plus proches d’un colombophile qui parle de ses oiseaux que d’un photographe animalier.
Cette pratique de l’oralité nous permet également de jouer sur deux registres : celui du ludique et celui de la rigueur. Nous partons toujours de choses communes, (et parfois triviales), pour mieux soulever des questions qui ne le sont pas : interroger le principe de l’égalité à l’aune de la collection encyclopédique des Que sais-je, écrire une fable politique à partir des jeux de mots des salons de coiffure, réinventer le procédé d’allégorie picturale en s’inspirant des bonhommes d’enfants,…
Le résultat est la coexistence dans nos pièces de questions graves (comme l’extension maximale de la précarité, la crise de la démocratie, la domination du pire ou la fin du monde) avec un imaginaire léger (meubles doués de raison, nuages coureurs, gaz hilarants, fleurs bègues, animaux sans têtes).
Résumé :
Ma thèse est dirigé par Wiktor Stoczkowski, chercheur et directeur de recherches au Laboratoire d’Anthropologie Sociale (EHESS / Collège de France). Il part de mon sujet de prédilection, à savoir la manière dont s’incarnent des savoirs et des représentations du monde, dans des objets. Et ce projet sera élaboré autour d’une collection de stylos, de crayons et de gommes fantaisies. Pour préciser, je dirais qu’il s’agit d’une collection d’outils d’écriture qui empruntent une forme qui dépassent leur fonction première (c’est-à-dire écrire ou gommer) et qu’on peut donc qualifier d’outils d’écriture « gadget ».
Devant cette collection d’outils d’écriture gadget, la réaction la plus immédiate serait de déplorer le triomphe de la culture de masse et la défaite de la pensée[1] :
« Le gadget c’est le truc, le machin qui ne prétend à nul service, qui ne sert à rien ou dont la fonction est si futile qu’on devine bien que sa création n’a pas été dictée par un besoin. »
– Le Monde, 10 avril 1966
Mais je ne suis pas d’accord avec le Monde. Je ne suis pas d’accord avec le Monde, car dès lors que les stylos, les crayons et les gommes empruntent des formes qui outrepassent leur fonction première (écrire et gommer), je suis intimement convaincue qu’ils acquièrent une puissance occulte.
D’où l’intitulé de ma thèse : « Puissance occulte des outils d’écriture ».
Cette idée de « puissance occulte », je la dois à une histoire que j’ai lue dans la presse il y a quelques années… Je ne sais pas si vous le connaissez, mais à Paris il existe un musée consacré à l’histoire du stylo.
Figurez-vous que j’ai appris que ce musée a été cambriolé à deux reprises : une fois en 2001 et une autre en 2007. Et c’est le fondateur de ce musée du stylo qui a affirmé que les stylos avaient été volés[2].
Mais, de mon côté, je pencherais bien davantage pour un phénomène de marronnage. Le marronnage, c’est une stratégie d’évasion et de retour à l’état sauvage d’espèces animales qui ont été domestiquées. Et ce comportement de marronnage existe également chez les objets, par exemple chez les objets africains. J’ai lu plusieurs récits de gardiens de musée en Afrique qui racontent que des masques se sont évadés[3].
Ces objets résisteraient en quelque sorte à leur mise en exposition, et se feraient tout simplement la malle.
L’hypothèse d’une évasion des stylos est donc pour moi tout aussi valable que celle du vol. (D’ailleurs, pardonnez moi, mais les stylos n’ont toujours pas été retrouvés.)
C’est en prenant conscience de cette capacité d’action des outils d’écriture que j’ai commencé à cogiter. Et je me suis dit que cette capacité d’action devait aller bien au-delà de la faculté à se déplacer. Je me suis dit que ces objets disposent très certainement d’une autre puissance occulte : celle d’influencer notre manière de penser. Une capacité à modeler à notre place des conceptions du monde et des modèles explicatifs.
D’où l’intitulé de ma thèse [4].
Pour alimenter cette thèse, j’ai donc commencé par chercher les outils qui ont été utilisés pour élaborer la pensée moderne, celle qui est la nôtre. Et pour la décrire à la hache, je dirais que la vision moderne se fonde sur deux certitudes.
1) L’homme se singularise par sa conscience.
De cette certitude découle un premier grand partage : l’Homme est distingué, isolé, tandis que face à lui se dresse un monde d’inconscience, que l’on pourrait nommer « Monde du Reste ». Ce monde se compose du règne animal (dit « fort »), du règne végétal (dit « faible »), ainsi que d’une discrète voiture-balai conduite par les champignons, avec les minéraux sur le siège arrière et les gaz dans le coffre.
2) La rationalité est un horizon indépassable.
Cette certitude permet à la modernité d’opérer un second coup de hache, au sein-même de la communauté humaine.
D’un côté les cultures dites « rationnelles », et de l’autre celles qui ne le sont pas : animistes, totémistes ou analogistes[5], groupes irrationnels irréductibles au sein de la culture occidentale[6], etc. Ces dernières rejoignant donc allègrement le prénommé Monde du Reste, c’est-à-dire : le monde sauvage.
Ces certitudes ont engendré chez l’homme moderne l’habitude d’écrire avec un doigt pointé vers lui. Dans ses tentatives de comprendre le Monde du Reste, il n’a fait que le comparer à son propre mode de pensée, cette comparaison l’amenant inéluctablement à des jugements de valeurs (1) :
« Moi je pense – qui plus est je pense de manière rationnelle – donc je pense mieux. ».
S’est alors développée une forme de mépris pour toutes les choses qui pensent différemment, qu’elles soient animées (comme les hippocampes, les mayas, les passionnés d’ovnis et les bateaux-mouches) ou inanimées (comme les arbres, les fleurs, les trèfles à quatre-feuilles (2) et les cailloux).
Cette logique est même devenue un réflexe, un mécanisme de réponse du corps généré sans l’intervention du cerveau, court-circuitant littéralement la pensée. On peut d’ailleurs le tester en tapotant sa tête avec un stylo-marteau: le stylo couche alors sur le papier une écriture que les surréalistes pourraient qualifier d’automatique.
Cette présentation lapidaire de la pensée moderne était une illustration légère, mais il sera aisé de mettre véritablement ma thèse à l’épreuve, tant les crayons, les stylos et les gommes gadget inondent chaque jour un peu plus notre monde.
Le travail à venir s’annonce colossal : exorciser un à un tous ces objets, mettre à jour les ressorts de leur puissance et faire prendre conscience au plus grand nombre de leur caractère proprement manipulatoire… tel est mon projet.
D’où l’intitulé de ma thèse.
[1] Alain Finkielkraut, « La défaite de la pensée », Paris, Gallimard, 1987.
[2] https://www.brunolussato.com/categories/10-Musee-du-stylo
[3] Julien Bondaz, « Animaux et objets marrons, Résistances à la mise en exposition dans les parcs zoologiques et les musées d’Afrique de l’Ouest », Civilisations, 61-1 | 2012, 121-136.
[4] Cette thèse pourrait être considérée comme une pseudo-thèse, tout comme les gens considèrent certaines théories comme des pseudosciences. Mais les chercheurs qui usent du préfixe « pseudo » ne le font-ils pas pour ne pas avoir à avouer leurs propres erreurs ? Un chercheur n’a-t-il pas dénommé la pomme « pseudo-fruit », s’étant rendu compte un peu tard qu’elle n’était pas un fruit, mais jetant de fait sur la pomme une forme de discrédit ? Et que dire du mathématicien qui un jour nomma un nombre « le nombre pseudo-réel » ?
[5] Philippe Descola, Par-delà nature et culture, Gallimard, 2005
[6] Wiktor Stoczkowski, « Rires d’ethnologues », Revue L’Homme n°160, 2001
SACRe - Yannick Langlois (ENSBA)
«le cheval qui a hissé le wagon en haut de la colline et qui est monté à bord pour la redescendre »
Première inscription : 2016
Directeur de thèse : Pierre Alferi, ENSBA
Encadrant artiste : Bojan Sarcevij
SACRe - Clément Schneider (La Fémis)
Filmer l’utopique
Première inscription : 2016
Directeur de thèse : Antoine De Baecque, DR ENS Ulm
Encadrant artiste : Dominique Marchais, réalisateur
Bio / Résumé :
S’il fallait tenter de synthétiser le projet de recherche que je souhaite mener dans le cadre du doctorat SACRe, on pourrait, en ce moment inaugural où tout est encore ouvert, le définir comme une tentative de cerner le caractère ou les potentialités utopiques du cinéma. Ou, pour le dire, autrement, qu’est-ce qui, dans l’expérience du cinéma – qu’elle soit celle du spectateur ou du cinéaste – a partie liée avec l’utopique ?
Une telle interrogation a, il faut l’avouer, quelque chose de vertigineux, tant elle semble vaste, protéiforme et tentaculaire. Car si l’on aperçoit d’emblée les nombreuses têtes de cet hydre de Lerne, on ne sait où localiser son cœur, quel en est le centre et, partant, l’on peut raisonnablement se demander par où l’attaquer. Exemple immédiat : qu’est-ce qu’une utopie, pouvons-nous en donner une définition ferme, définitive, close, à partir de et sur laquelle construire la recherche ? La réponse est, bien entendu, négative. Toutefois, et parce que je suis convaincu qu’il n’est pas vain de chercher à mettre au jour les liens entre cinéma et utopie, il peut être utile et rassurant de circonscrire – du moins d’essayer – les questions que l’énonciation de cette problématique soulève immédiatement : ainsi, toutes me semblent être liées à une définition ou un rapport à l’espace, qu’il s’agira donc d’interroger.
Je voudrais ici préciser que le travail que j’entends mener est moins d’étudier le cinéma qui traite de l’utopie comme un sujet, mais bien plutôt celui dont la forme est ou pourrait être dite – ce sera à moi de proposer des réponses – utopique. Cette précision a vocation à écarter de la recherche – non à évacuer – un certain nombre de films qui mettent en scène des utopies, mais dans lesquels la mise en scène in se ne met pas l’utopie au travail du cinéma. Il me semble qu’un cinéma dit « utopique » – et cette intuition devra être éprouvée par la recherche – n’a de sens qu’en tant que projet. J’ai dit plus haut que l’utopie était également un projet (de société, politique…). Chercher à étudier les utopies comme pures fictions, c’est les évacuer du réel dont elles sont issues pourtant, et à l’égard duquel elles entendent agir : en mettre les manques, les failles au jour, et les réparer par le truchement de l’imaginaire. On voit ici que les films dans lesquels l’utopie tient lieu de contexte sont bien en-deçà de ce qu’on est en droit d’attendre de l’utopie comme puissance d’agir. Un exemple parmi d’autres : les nombreux films actuels de science-fiction dont le cadre est celui d’une dystopie, une société organisée de manière prétendument idéale mais aliénante et déshumanisante. Sans qu’il s’agisse de juger de la qualité des films en question, force est de constater qu’ils ne problématisent pas leur rapport à la question même de l’utopie, mais labourent dans les traces ouvertes il y a plus d’un demi-siècle par Orwell ou Huxley, sans renouveler quoi que ce soit du point de vue de l’utopie. Il faut se méfier de la mode de l’utopie. Si les années 60-70 ont été réellement des années utopiques, on sait combien le mot même d’utopie a pris une tournure quasi-maléfique au tournant des années 80-90 qui l’a quasiment proscrit de tout discours. En revanche, on observe, depuis quelques années, un retour en grâce du concept, mais celui-ci est décliné de tant de manières qu’il semble ne plus rien vouloir dire : il est devenu un vernis dont on décore des discours en mal d’authentique imagination, de puissance révolutionnaire. Les films dont je parle traitent de l’utopie comme d’un pur décor ce qui n’a rien à voir avec le lieu/non-lieu qu’est l’utopie.
Il n’y a pas d’utopie sans un espace caractérisé de manière extrêmement précise ; le cinéma, quant à lui, fabrique des espaces qui se reconfigurent en permanence, dans l’histoire que les films racontent, mais aussi dans l’histoire de la forme cinématographique. Quels ponts peut-il exister entre les espaces décrits par les utopies et ceux que les films génèrent ? En quoi une approche utopique de l’espace cinématographique peut-elle se montrer féconde pour le cinéaste-chercheur ? Quelles sont les implications de la possibilité que le cinéma soit utopique ? Que faire d’un tel cinéma ? Au fond, la recherche que je voudrais mener, si elle suit son cours jusqu’au bout, devra se poser la question de la fonction utopique du cinéma, si elle existe. Car, en effet, les utopies n’existent jamais in abstracto. Elles sont toujours liées au monde, au réel, à l’époque qui les produit. Elles occupent une fonction, elles jouent un rôle, elles peuvent parfois s’incarner dans un projet révolutionnaire qui a vocation à transformer le monde. Une recherche sur les rapports entre utopie et cinéma ne saurait faire l’impasse sur cette question du rôle et des possibilités d’un cinéma utopique.
1 – Mise en scène de la description : parole/espace
Les utopies classiques prennent la forme de dialogues ou de récit de voyages : voyage effectué par un explorateur-passeur dans un monde supposément idéal, imaginaire mais qui, pourtant, existe bel et bien – l’île d’Utopie est censée être localisable sur la carte d’un monde qui possédait, au XVIème siècle, encore suffisamment de Terræ Incognitæ. Ce sont donc des mondes que l’on visite par le truchement de la parole. Les utopies procèdent donc de l’articulation d’un récit (le voyage) et d’une description (le monde visité). En somme, le dispositif s’apparente à une forme de théâtre de chambre ou de salon. Chez More, par exemple, ce sont des érudits qui se retrouvent entre eux, chez l’un ou l’autre et écoutent le récit de Raphaël Hythlodée. Dans la forme livresque des utopies, c’est définitivement la description qui prévaut. Si, en bon expérimentateur méthodique, on tentait une transposition « terme à terme » de ce dispositif classique, il me semble que la question de l’espace dans lequel est proféré cette parole descriptive revêtirait un caractère crucial. En effet, je doute qu’une « mise en images » d’une utopie soit intéressante (quoique, peut-être faudrait-il le tenter, sous la forme d’un faux document ethnographique…) étant donné l’immuabilité des systèmes utopiques. En revanche, faire résonner la description d’une société du bonheur avec des territoires par essence jalonnés de failles et de manques me semble une piste intéressante pour faire dialoguer le réel avec son remède fictionnel. En effet, qui pour endosser le rôle de l’explorateur, quel choix de territoire, quelle dynamique (comment décrire de manière concomitante l’espace réel et l’espace fictif : quel rapport au parcours ou à la promenade, quel montage) ? On voit que sur un dispositif somme toute très simple, de nombreuses formes peuvent être construites, de nombreux espaces peuvent être conçus. Ainsi, on constituera déjà un archipel, une série de petites îles qui seront autant de réflexions utopiques sur des espaces d’échelles très différentes : par exemple, on peut très bien imaginer ce dispositif de parole/parcours à l’échelle d’un hameau arpenté à pieds, ou bien d’une de nos récentes super-régions traversées en TGV, voire pourquoi pas, à l’échelle de l’Europe, belle utopie vacillante…
2 – Vers la fiction
S’il y a bien un lieu fictionnel qui serait le non-lieu de la fiction, c’est l’utopie. En effet, les utopies sont des systèmes fermés, clos, où le temps s’abolit en une éternité qui n’est que la répétition, la scansion ritualisée de moments (travail, repas, prières…) qui se reproduisent semblables à eux-mêmes. En somme, il n’y a pas de place, dans les utopies, pour tout ce qui serait, ou ferait, événement. Donc, d’une certaine manière, pour l’imprévu et l’organique propres à la fiction. L’utopie en soi est la fiction, mais elle n’est pas le terreau propice à la fiction. Pour que celle-ci puisse exister, il faut dérégler l’utopie. Et il semble que ces dérèglements ne puissent opérer que sur un seul mode : celui de la dystopie. Dérégler une utopie, c’est la transformer en son exacte opposée – une fois encore, on peut se référer à la littérature ou au cinéma de « science-fiction » qui a fait de la dystopie un sous-genre en soi – sans qu’il y ait d’apparente alternative possible. Or, cette abolition de l’événement au sein des utopies est ce qui nous les rend – en tant que lecteurs-sujets – littéralement invivables, insupportables. Et, du point de vue du cinéma, cette absence de fiction est sans doute ce qui rend les utopies « infilmables ». Je ne vois qu’un seul exemple d’utopie (ou de contre-utopie) filmée au sens strict : Salò ou les Cent-vingt Journées de Sodome de Pasolini, film éminemment descriptif, très littéraire, dans lequel il n’y a de dramaturgie que celle de l’espace (le château, les différents cercles) et l’organisation du temps (alternances des sévices). L’utopie pose donc la question de son rapport au récit et à la fiction entendus dans un sens classique. Et, partant, de son rapport au héros, à l’individu. D’une certaine façon, c’est à l’idée même de scénario ou de dramaturgie que les utopies résistent, de par leur caractère systématique. Un certain courant très critique à l’égard des utopies en a fait le lit des totalitarismes. Le raccourci est un peu simple. Mais il n’en reste pas moins qu’il semble qu’il y ait une disjonction entre le système utopique et l’expérience individuelle que l’on puisse en faire. Ce qui pose la question de leur fonction : à quoi servent les utopies, puisqu’elles semblent résolument inhabitables ? Et comment s’incarnent-elles de manière individuelle ? Qu’est-ce qu’être un sujet en utopie ? Quel est le rapport entre l’utopie et la notion d’histoire ? Il y aurait donc une forme, me semble-t-il, au sein de cette recherche, qui devrait travailler la notion de déréglement, d’événement, d’irruption du « je » dans le lieu du « on ». Un peu à la manière de Chaplin dans l’usine des Temps Modernes, ou à la façon dont Guiraudie dans Voici venu le temps entremêle la trajectoire individuelle d’un héros désabusé et la description d’un monde a priori utopique. C’est parce que les individus sont profondément insatisfaits, que le monde est creusés de manques que nous avons besoin de la fiction. L’utopie nous rappelle combien notre besoin de fiction est impossible à rassasier et combien il est essentiel de se vivre comme fiction pour traverser l’existence. Pour cette forme plus classique, il y aura un travail à effectuer autour de la définition de l’espace que la fiction va dérégler. J’ai l’intuition qu’il faut, le plus possible, inscrire cet espace dans le réel, de la même façon que More ou Campanella nous font croire que leur île utopique existe quelque part. Pour mieux le dérégler. Comme Fabrice Luchini dans L’Arbre, le Maire et la Médiathèque dérègle les projets du personnage de Pascal Greggory, il faut résister à une forme d’aménagement normatif du territoire. Peut-être y a-t-il ici une problématique résolument contemporaine et dans laquelle il est possible d’inscrire cette fiction…
3 – Décentrement, révolution
Enfin, il me semble essentiel de rappeler que les utopies, ou les utopistes, ont vocation à changer le monde. Ernst Bloch le rappelle avec ferveur dans son ouvrage sur le prophète révolté du XIVème siècle Thomas Münzer, à la tête d’un mouvement paysan qui fut durement réprimé et écrasé mais qui cristallisa tous les espoirs d’un peuple soumis et inféodé aux puissants. À l’heure où la Place de la République bruisse d’espoirs et où il se murmure que « le futur est une ZAD » il me semble, comme le firent ces grands cinéastes militants des années soixante, qu’il faut, pour filmer l’utopique, être à l’écoute des désirs de changements qui agitent notre époque. Sans tomber dans une représentation romantique de la figure du révolté, ou son avatar contemporain, l’indigné, je crois que je voudrais, non pas tenir la chronique des aspirations actuelles, mais trouver la forme qui lui corresponde, à l’image des « mille jours en mars » lancés par le collectif Zanzibar, qui invite chacun, dans un espace d’écriture ouvert, à imaginer le futur, à laisser place à l’imaginaire, un imaginaire désincarcéré, commun, mis en réseau, anonyme mais singulier, absolument moderne. Le cinéma doit pouvoir trouver un moyen de rendre compte de ces élans, ici ou ailleurs, avec les outils qui sont les siens.
Toutes ces orientations sont des projets qui auront vocation à évoluer en fonction de l’avancement de ma recherche dans son aspect davantage théorique. Comme le dit Pierre Macherey, le trait commun aux utopies, c’est de programmer la rupture. Pour ce qui concerne les travaux à suivre au cours du reste du doctorat, je voudrais donner ici une série de pistes qui seront comme autant de pivots autour desquels construire les formes à venir. Je ne dis pas que chacune de ces idées donnera lieu à une forme, il s’agit bien plutôt de proposer un horizon à cette réflexion qui, autant que possible, lui évite de se perdre.
SACRe - Marcelline Delbecq (ENS)
Mille années de main en main
Première inscription : 2017
Directeur de thèse : Antoine de Baecque, Professeur ENS
Bio / Résumé :
Mille années de main en main entremêle sans frontière aucune théorie et pratique dans un projet à la fois poético-théorique et photographico-cinématographique sur les qualités intrinsèques du mouvement dans l’image fixe : mouvement aussi bien visuel, historique qu’inventé, à explorer tant dans le lien complexe qui unit l’image au texte, que dans le fait que le regard spectateur puisse l’engendrer. Mouvement fixe ou fixé dans une image palimpseste dont les strates seront à creuser et à lire comme on tente de lire des empreintes.
Ce projet de thèse se divisera en deux parties menées dans des temporalités différentes pour mieux se répondre dans leurs écarts. D’une part, et dans un premier temps, l’écriture d’un essai autour d’un corpus de quatre films oscillant entre fixité et mouvement. D’autre part, Mille années de main en main sera un film-essai constitué de photographies et documents filmés ainsi que de plans fixes. Le récit qui l’accompagnera en voix-off interrogera autant qu’il creusera la faculté du regard spectateur à faire naître un mouvement oscillant de l’image à la pensée, de la pensée au texte et du texte à une image autre, née de mots mis en voix. Ce projet en deux volets sera également l’occasion de poursuivre une recherche sur l’envers palimpseste d’une image, dans son rapport au temps et à l’Histoire.
SACRe - Loup Vuarnesson (ENSAD)
Expérience optimale et interaction gestuelle, vers un design d’interactions intuitif, sensible et naturel
Première inscription : 2017
Directeur de thèse : Emmanuel Mahé, HDR, ENSAD
Co-encadrant : François Garnier, ENSAD
Bio / Résumé :
Quel rôle le corps joue-t-il dans nos modes de communication et dans nos expériences créatrices (danse, musique, peinture etc) ? Que révèlent ces mouvements sur notre état émotionnel, et peut-on envisager un design d’application créative basé sur ces expressions naturelles et/ou inconscientes ?
Nous supposons qu’un outil numérique créatif basant son fonctionnement sur l’intuition et l’expression corporelle, et s’émancipant de tout prérequis ou apprentissage préalable, serait source d’un accroissement du confort d’utilisation, tout en augmentant considérablement l’implication de l’utilisateur et son afflux créatif.
Sur quels critères une interface naturelle peut-elle donc adapter son fonctionnement à l’état émotionnel et aux capacités de l’utilisateur ?
En combinant les principes des NUIs, du Flow, et les divers travaux sur la communication non verbale, nous développerons des expériences interactives mettant l’expression corporelle et manuelle intuitive au centre du mode opératoire.
Ces expériences auront deux bases interactives distinctes mais s’influençant mutuellement :
- Les commandes corporelles – Permettant d’interagir avec le contenu proposé visuellement à l’utilisateur par le biais des gestes de l’ensemble du corps et plus particulièrement des mains. Celles-ci devront offrir une prise en main immédiate grâce à une interaction basée sur des acquis universels, tel que le préconise Joshua Blake (interaction avec le monde physique, codes de communication gestuelle…). La complexité de ces commandes et leur mode d’affichage seront étroitement liés avec les capacités perçues de l’utilisateur : les fonctions plus complexes ne seront accessibles qu’après avoir certifié la capacité de l’utilisateur à maîtriser les fonctions plus simples. Les interactions se voudront les plus fluides et réactives possibles afin de donner cette sensation de compréhension mutuelle, de faire « corps ».
- Les commandes inconscientes – En plus des commandes intuitives manuelles, les différents signes non-verbaux inconsciemment exprimés par le participant auront une influence directe sur l’application. Nous avons précédemment évoqué quelques formes d’indices révélés par le corps, susceptibles de nous intéresser, tels que les postures, le rythme et l’amplitude des mouvements, la direction du regard… Nous pensons pouvoir trouver parmi ces signes des indices à propos de l’aisance, de l’humeur, pouvant ensuite entraîner une évolution de l’application (complexité et vitesse d’exécution des commandes, environnement visuel et sonore, accès à des fonctions plus pré..).
Une partie de ce travail de thèse va consister à choisir le meilleur compromis entre les indices identifiés dans la littérature et l’état actuel des technologies permettant de les détecter. Nous nous intéresserons particulièrement à cet équilibre évolutif entre les challenges demandés et les compétences requises, ainsi qu’à l’échange qui survient lorsque l’utilisateur est dans la zone, soit l’exercice réciproque de son action sur l’expérience, et de l’expérience sur son système perceptif.
SACRe - Anna Saint Pierre (ENSAD)
Réhabiliter le déblai, vestige patrimonial à reconsidérer grâce à la recherche par le design
« Les déblais en héritage : matière à charge, matière à l’œuvre »
Directeur de thèse : Jean-François Bassereau, PR ENSAM
Co-directeur de thèse : Aurelie Mossé, Chercheure-Designer ENSAD
Bio / Résumé :
La matière d’un édifice livre le récit de la longue chaîne de fabrication et des épisodes successifs de sa transformation, depuis son origine géologique – sa matière terrestre – puis son extraction vers la manufacture. Transformée en matériau artisanal ou industriel, elle est mise en oeuvre et intégrée à un ensemble architectural selon les codes stylistiques de l’époque de construction. Durant cette période, elle se charge des histoires qu’elle abrite. Lors de la destruction du bâtiment, elle subira une nouvelle transformation, exécutée avec des outils spécifiquement conçus par l’ingénierie de la destruction, qui donnera lieu à des matériaux composites : un fragment de brique alvéolaire accolé à du plâtre, des graviers de moellons et de meulières, un bloc de marbre agrippé par une couche de béton.
Cette réflexion sur la valorisation des gravats saisit l’opportunité offerte par le changement d’état des matériaux (blocs, fragments, graviers, sables, limons…) pour créer des matières architecturales « textilisées » qui accompagneront le renouvellement du bâti. Investissant différents chantiers de l’agence, cette recherche-action s’inscrit dans des projets concrets. En réponse aux interrogations et aux défis lancés par l’architecture à l’ère Anthropocène, la transformation in situ de la matière architecturale est une alternative à la tabula rasa et à la stricte restauration. Réemploi, recyclage et autre formule de récupération permettent de se défaire de certaines pratiques de conservation ou de restauration en quête d’authenticité, qui peuvent confiner à la falsification. C’est ici l’existant et sa persistance physique qui deviennent matière à création.
La patrimonialisation du bâti intègre une typologie architecturale de plus en plus large. Entretenu par une économie touristique déjà très puissante en France, cet élan patrimonial et la réglementation rigide qui l’accompagne enferment une partie du paysage architectural sous une cloche de verre. Cherchant à restituer le passé, cette fabrique de l’histoire conduit parfois à des choix arbitraires en prise avec des tendances idéologiques fluctuantes valorisant une histoire plutôt qu’une autre. Tandis qu’un processus de muséification se concentre sur le « Paris historique », la durée de vie des bâtiments sans considération patrimoniale se réduit. Cet incessant renouvellement urbain, qui dépend, au même titre que la patrimonialisation, de considérations politiques, produit des quantités considérables de déchets : 40 millions de tonnes en 2010 pour la seule région Île-de-France (estimation de Prepec). Mis au défi par des chantiers régionaux colossaux (tels que le Grand Paris Aménagement, et le Grand Paris Express) et une législation européenne qui impose des objectifs environnementaux ambitieux*, les acteurs européens de la construction-déconstruction se tournent progressivement vers une économie circulaire.
Mais alors que la transition écologique est devenue une préoccupation centrale de l’architecture, la législation tarde à s’adapter, si bien que les initiatives de valorisation des matériaux de déconstruction, souvent incompatibles avec les normes en vigueur (conçues pour les matières de première vie), peinent à se concrétiser.
La démolition architecturale a acquis tous les attributs d’une filière industrielle : mécanisation et automatisation des moyens de travail, centralisation des moyens de production et concentration de la propriété des moyens de production, mais elle ne produit – par soustraction – que du vide et des déchets. Aujourd’hui, des solutions dites « vertueuses » sont proposées aux acteurs du bâtiment pour se débarrasser de ces encombrants, notamment des services de remblayage, d’enfouissement, de valorisation énergétique, parfois de revente. L’industrialisation des techniques de récupération telles que le recyclage, qui a permis « l’élimination » de nombreux déchets issus de la production de masse, impose une vision de rentabilité quantitative et amalgame les matériaux sous le terme générique de déchet, sans tenir compte des facteurs culturels. Ainsi la seconde vie des matériaux de destruction est dédiée presque exclusivement aux remblais anthropiques, qui, sans être répertoriés comme non inertes ou dangereux et stockés à grands frais dans des sites enfouissement, sont un pis-aller, souvent nocifs pour l’écosystème.
En réaction à la patrimonialisation et à l’industrie de la destruction particulièrement présentes en Île-de-France, région qui cristallise une grande partie des ambitions politiques, le postulat de cette recherche est de créer avec l’existant en récupérant la matière présente sur site pour contribuer renouveau architectural. Les déblais du chantier sont sélectionnés pour être intégrés sur le site sous une autre forme. Il n’est plus question d’ignorer la provenance des matériaux. Dans cette optique, on ne parlera pas de béton ou de brique au sens générique, mais d’un béton, d’une brique, datés et situés. La couleur et la texture intégrées au cœur de nouveaux éléments deviennent des traces du bâtiment fantôme. Ainsi, l’histoire du bâtiment initial perdure à travers la matière transformée.
* L’article 11, paragraphe 2, de la Directive européenne «déchets» (2008/98/CE) fixe pour 2020 un objectif minimum de valorisation matière de 70% en poids des déchets issus de l’activité de la construction et de la démolition.
Les briques prélevées sur le chantier ont été porphyrisées et tamisées pour atteindre la finesse granulométrique du pigment, puis mélangés à un liant. L’encre obtenue, chargée de la matière architecturale du site, a été imprimée sur un textile grâce à des procédés sérigraphiques. La brique réduite en débris a pris la forme d’un tissus dont les ondulations évoquent drapés et flux de matières.
Typologie des déblais du chantier de Montesquieu : liège, pouzzonale, meulière, ardoises, moellons calcaires, mulots, briques creuses et pleines, plâtre, comblanchien, marbre.
111,39 kg de déblais prélevés destinés à une recherche expérimentale de réemplois, recyclages et autres formules de récupérations innovantes.
1. Photographie prise sur le chantier de réhabilitation Montesquieu (Paris, septembre 2017) révélant les différentes strates qui constituent un mur.
Montesquieu, immeuble des années 1920 conçu par l’architecte Roger Gonthier, avait déjà fait l’objet de plusieurs réhabilitations lisibles dans la stratigraphie matérielle du site.
2. Briques, datant des années 1920, prélevées dans les déblais de Montesquieu en décembre 2017.
L’essor de la brique en Île-de-France au début du XXe siècle laisse supposer qu’elles proviennent de l’une des briqueteries de la région. La coupe de la brique fait apparaître une diversité et une intensité de couleurs, un dégradé du rouge au noir ponctué d’agrégats dû aux écarts de cuisson
3. Les briques prélevées sur le chantier de Montesquieu ont été découpées en plaquettes de 3 cm et incluses dans des carreaux de résine, qui révèlent la matière : écarts de couleurs, angles arrondis d’une fabrication manuelle, fractures et accidents causés par les outils de destruction. Plaquettes, Montesquieu (2018).
4. Les fragments de briques prélevés sur le chantier ont été porphyrisés et tamisés pour atteindre la finesse granulométrique du pigment, puis mélangés à un liant.
L’encre obtenue, chargée de la matière architecturale du site, a été imprimée sur un textile grâce à des procédés sérigraphiques. La brique réduite en débris a pris la forme d’un tissus dont les motifs évoquent une marqueterie de marbre. Spolia, Montesquieu (2018).
1. Projet d’impression 3D chargée en matière architecturale, patrimoniale, mémorielle. Les charges très fines sont intégrées à une pâte d’impression 3D.
2. La brique a été transformée en enduit et appliquée sur des modules articulés en tissage. Stèle, réalisé dans le cadre d’un Master II (2016, à l’ENSAD) en collaboration avec Caroline Charrel (architecte intérieur).
3. La brique a été recyclée. Prélevée sur le site à l’état de gravats, elle ne répondait plus à la définition de matériau. La destruction du bâtiment avait donné lieu à de nouveaux artefacts qui ont été triés et tamisés. Les gravillons ont été employés à la création d’une paroi ajourée et les sables ont été sérigraphiés sur du textile. Stèle, réalisé dans le cadre d’un Master II (2016, à l’ENSAD) en collaboration avec Caroline Charrel (architecte intérieur).
4. Ici, la brique prend la forme d’un matériau articulé qui s’inspire du textile. Stèle, réalisé dans le cadre d’un Master II (2016, à l’ENSAD) en collaboration avec Caroline Charrel (architecte intérieur).